Bondamanjak

2012-2017 – Déceptions et désillusions


Par Roger ANGLO – Ecrivain

Présidentielle 2017…
En mai 2012 les Français ont élu le 7e président de la 5e République dans un contexte de grande détresse, de troublante incohérence et de profond mécontentement.

Contre la volonté d’une grande majorité de Français, contre le souhait d’un peu moins de la moitié des électeurs qui se sont exprimés, la Gauche, étrange paradoxe eu égard au peu de considération jusqu’alors accordée à cette classe politique, s’est retrouvée à piloter le paquebot France.

La gauche historiquement formée autour d’un projet de transformation sociale, qui jadis faisait rêver et a longtemps suscité tant d’espoirs. La gauche si prompte à se vanter de faire de l’égalité des chances le meilleur chemin pour la réussite du pays et qui prétendait donner à chacun les conditions réelles de son émancipation personnelle. La Gauche qui, éloignée du pouvoir suprême durant quelque 17 années, n’a jamais su mesurer avec la justesse nécessaire l’éclatement de la société et l’affaiblissement des valeurs communes.

Cette Gauche qui aujourd’hui se retrouve, au même titre que son adversaire, la Droite, enlisée dans des affaires douteuses, dans d’interminables querelles internes, des divisions, des compétitions puériles entre gauche traditionnelle, extrême gauche et courants écologiques. La Gauche donc, aujourd’hui en totale perte de compréhension du monde, s’est vue confier en mai 2012 presque les pleins pouvoirs pour réparer ce qu’elle a appelé et appelle encore les « dégâts » occasionnés par la Droite, et redresser la #France tant sur le plan national (économie, social, démocratie) que sur le plan international (prestige, leadership…).

Rappelez-vous ! « Le changement c’est maintenant » a-t-elle claironné durant toute la campagne présidentielle en 2011-2012. Et d’affirmer haut et fort qu’une autre politique est possible. Une autre politique, disait-elle, qui ferait une plus large place notamment au respect des citoyens, qui s’attacherait à les réconcilier, ces citoyens, avec la chose politique, et qui s’attacherait aussi à rétablir l’équilibre des pouvoirs.

Au terme d’un quinquennat qui n’a rien eu d’exceptionnel ni même d’exemplaire, force est de constater que cette autre politique, une énième fois bruyamment annoncée et revendiquée, se fait toujours et encore désespérément attendre.

De nouveau au suprême pouvoir, rien dans les discours des élites de gauche, rien dans leurs postures ou même leurs actes ne donne à penser qu’elles ont évolué, qu’elles sont désormais capables d’innover, de proposer des options alternatives au néolibéralisme ambiant. Rien dans leur stratégie censée stimuler la croissance et maîtriser les finances publiques n’indique qu’elles ont, quand elles étaient dans l’opposition (et ce n’est pas le temps qui leur a manqué), pris la mesure des difficultés économiques de la France, et travaillé à préparer un rétablissement pérenne de la compétitivité, de la justice et de la cohésion sociales, de la confiance.

L’impression qui domine au contraire est que l’ambiance persistante de ce quinquennat présenté comme particulièrement singulier et original – on se souvient du « Moi, président … » ponctuant chaque engagement du candidat Hollande – fleure bon et de loin l’improvisation, voire l’amateurisme.

Force est de constater aussi que, au bout de ces cinq années de mandature, le sentiment qui domine est que l’élection présidentielle 2012 semble avoir davantage sélectionné une compétence publicitaire qu’une compétence stratégique pour gouverner le pays. Qu’en lieu et place d’une lumière qui éclaire, les Français se sont retrouvés exposés à une lumière qui brille, à la limite de l’aveuglement.

« Je serai un président normal » avait souvent répété le candidat socialiste. Il faut reconnaître que sur ce point il n’y a pas tromperie, si être un président normal c’est ne pas sortir des sentiers battus, ne rien entreprendre qui sorte de l’ordinaire, se fondre dans l’existant.

Qu’il soit bien clair qu’il ne s’agit nullement ici d’accabler de façon inconsidérée le président démocratiquement élu en mai 2012. Mais, avec le recul, chacun admettra que la gouvernance annoncée exemplaire n’a pas été au rendez-vous ; que le quotidien des Français n’a en rien été amélioré ; que si les dirigeants ont changé de visage, les pratiques sont restées les mêmes, toujours aussi détestables et dommageables.

En ces temps troublés et de grande précarité, peut-être qu’il eût mieux valu pour la France d’avoir à la barre un président anormal qui se démarque totalement des expériences vécues, un président qui se distingue par la provocation d’un choc de vérité et de responsabilité, qui se distingue aussi par la rupture avec l’ambiguïté.

Sans espérer l’homme ou la femme providentielle, se peut-il que 2017 voit propulser à la direction de la Nation un président qui se distingue par la provocation d’un choc de vérité et de responsabilité ?

Ne manquez pas le volet_2 de cette tribune ….
Rendez-vous, ici, le jeudi 23 mars 2017

Roger ANGLO, auteur de l’ouvrage « Parce que la France le vaut bien ! » disponible à la FNAC