Bondamanjak

73 ou 74, Faux Débat Mais Vraie Mystification












Le PKLS s’exprime à propos du débat institutionnel entamé avec la réunion du Congrès des élus le 18 décembre de l’année dernière, poursuivi par la réunion plénière du Conseil Régional le 15 janvier courant et celle, bientôt, du Conseil Général, le 22 janvier.

 

" 73 ou 74, faux débat mais vraie entreprise de
mystification et de détournement de la lutte de notre peuple pour sa totale
émancipation 

 

La Martinique vit
en ce moment un des débats les plus stériles de son histoire. Le gouvernement
colonial de la France avec la complicité active de la classe politique de
Martinique toutes tendances confondues (droite, gauche, autonomistes,
indépendantistes) s’agitent comme des diables dans un bénitier, pour nous faire
croire qu’un simple replâtrage du système qualifié «d’évolution
institutionnelle» permettra de résoudre les problèmes colossaux auxquels se
trouve confronté notre pays. Tous arc-boutés sur la défense de leurs petits
privilèges acquis escamotent soigneusement la question fondamentale et
incontournable de la réalité de la domination coloniale française et européenne
sur notre pays et de ses conséquences dévastatrices.

 

Tous proclament
haut et fort que la prétendue «évolution institutionnelle» qu’ils concoctent ne
se conçoit que dans le cadre de la République Française et des institutions
européennes alors même qu’il s’agit de sortir de ce cadre pour tirer notre pays
du marasme dans lequel il se trouve plongé. Leurs reniements successifs pour
les uns, leurs opportunismes pour les autres qui ont contribué à ralentir les
avancées de la lutte de libération nationale et à l’immobilisme mortifère
actuel les amènent aujourd’hui, à prétendre enfermer toute évolution politique
dans le cadre de la constitution française. La référence pour un colonisé à la
Constitution d’un pays colonialiste signifie en réalité une acceptation du fait
colonial, un renoncement à la lutte pour l’accession à la pleine souveraineté.
Ceux qui y recourent sont animés de motivations différentes mais qui
aboutissent au même résultat : la pérennisation du système de domination
coloniale.

 

Pour les
assimilationnistes patentés il ne s’agit que d’aménager, de replâtrer le
système dès lors qu’ils ont la garantie que ce replâtrage ne change rien de
fondamental et que tout se fait dans le cadre de leur chère république
française, leur mère patrie.

 

Pour les autres
qui se retrouvent dans un magma informe comprenant : les nouveaux
partisans d’une autonomie «tjòlòlò», d’une autonomie que de nom (comme à Saint
Barthélémy, ou à Saint Martin), pour les indépendantistes qui après avoir goûté
aux délices de l’exercice de la gestion «responsable» des «collectivités
locales» ont mis leur drapeau en berne pour ne pas «effrayer». Il s’agit de
donner l’illusion que nous avançons et que nous faisons un pas en avant alors
qu’il s’agit en réalité de grand bond en arrière, un renoncement implicite à
entreprendre l’indispensable travail de conscientisation de notre peuple et
croire ou faire semblant de croire que de véritables changements de cap dans
les domaines politiques, économiques, sociaux, culturels sont possibles dans le
cadre du système colonial actuel. C’est tromper les martiniquais que de leur
faire croire qu’il n’est plus nécessaire de prendre le chemin de la lutte pour
l’émancipation, de la Révolution anticolonialiste et qu’un «congrès des élus
départementaux et régionaux», qu’un recours à un article miracle de la
Constitution française peut par enchantement nous conduire vers la voie du
progrès

 

Les martiniquais
doivent savoir que ces fameux articles 73 et 74 dont on nous rabâche les
oreilles et dont parlent si savamment nos doctes politologues ne sont que des
articles de la constitution française qui fixent le cadre de fonctionnement des
dernières colonies que le pouvoir français désigne sous le vocable de
«collectivités territoriales d’outre mer».

 

Les statuts à
géométrie variable régis par ces articles sont mis en œuvre par le pouvoir
français qui décide au gré de ses intérêts propres de la configuration qui lui
convient. «Approfondir» l’article 73 comme le souhaitent certains ou passer au
74 comme le réclament les autres ne change rien à l’affaire. Quelles que soient
les «compétences» mineures octroyées par le pouvoir français dans le cadre de
ces dispositifs compliqués à souhait, le pouvoir de décider des affaires essentielles
reste entre ses mains.

Après la
départementalisation nous avons eu droit à la régionalisation, nous voici
maintenant à collectivité nouvelle formule, statut tout aussi colonial.

 

Le PKLS invite
les martiniquais à ne pas se bercer d’illusions pour cet énième replâtrage du
système colonial en cours d’élaboration et qui ne dérange en rien le pouvoir
français bien disposé à l’accompagner.

 

La
préoccupation des gouvernants français est invariable : perpétuer son
système de domination. Sa logique est constante, ses objectifs clairement
définis :

 

Préserver
l’essentiel du pouvoir de décision entre ses mains

Sécuriser
ses alliés naturels que sont les békés et les gros possédants et perpétrer leur
mainmise sur l’essentiel du terroir agricole qui a conduit aux conséquences
néfastes que l’on sait.

Privilégier
les intérêts des capitalistes français au détriment de nos propres intérêts.

Nous
enfermer dans une logique de sous-développement durable

Maintenir
tout un système favorisant l’irresponsabilité, l’assistanat, la déliquescence
de nos valeurs traditionnelles.

Poursuivre
la politique assimilationniste conduisant à la liquéfaction de notre peuple, au
génocide par substitution déjà bien entamé.

 

Le PKLS invite
les martiniquais à ne pas s’enfermer dans les débats stériles et à se poser les
vraies questions, l’enfermement dans la constitution française et dans les
bocaux des articles 73 et 74 ne permet pas à notre peuple de s’attaquer aux
problèmes de fond.

 

Aucune
assemblée coloniale, fut elle unique, aucune autonomie croupion, aucun article
de loi du Parlement Français ne lui permettra :

 

de légiférer
sur le régime de la propriété afin de restituer la terre martiniquaise au
peuple Martiniquais

d’en finir
avec l’agriculture coloniale de monoculture

de garantir
le droit au travail et à la santé

de protéger
efficacement notre production industrielle, artisanale, agricole contre
l’invasion de produits importés

de
sauvegarder valablement notre environnement et conserver durablement notre
patrimoine

de nous
ouvrir au monde et en tout premier lieu en nous intégrant à notre région
caraïbe

de négocier
des échanges économiques en toute souveraineté, au mieux de nos intérêts

de bâtir une
école martiniquaise pour la formation de l’être martiniquais

de redonner
espoir à notre peuple, en particulier à notre jeunesse…

 

Toutes ces
options fondamentales ne peuvent être appliquées que par un pouvoir
martiniquais contrôlé
souverainement par le peuple, dans un Etat
indépendant
.

 

Le PKLS invite
les Martiniquais à rejeter les manœuvres politiciennes et à prendre le chemin
de la lutte qui a permis à notre peuple d’exister et de conserver un espoir
d’un lendemain meilleur pour lequel tant de femmes et d’hommes ont tant donné y
compris leur vie.

 

Ayons le courage
de mener le juste combat pour la défense des travailleurs, pour la conquête du
pouvoir politique en faveur des plus humbles, pour la libération de notre
patrie et la constitution de l’ETAT MARTINIQUAIS

 

Personne ne nous
offrira le changement ; le changement ne peut venir que de nous-mêmes par
l’élévation de notre conscience politique, par la victoire sur nous-mêmes, sur
nos peurs, nos craintes.

Prenons notre
destin en mains, pour la conquête de l’indépendance nationale pour la
construction d’une Martinique Martiniquaise ouvrant une nouvelle page de son
histoire vers son émancipation totale."

 

Martinique
janvier 2009

 

Pour le PKLS

 

J. P. ETILE