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Affaire BETTENCOURT : MEDIAPART enfonce le clou…

«Entre le moment où je suis rentrée au service de M. Bettencourt en 1997 jusqu’à son décès en novembre 2007, durant les périodes précédant des élections de tous ordres, des personnes qui ne venaient pas d’habitude à la maison demandaient des rendez-vous auprès de M. Bettencourt. Alors je lui demandais s’il souhaitait recevoir cette personne. Il me disait oui ou non. Lorsqu’il disait oui, il recevait cette personne. Ils s’entretenaient ensemble durant une demi-heure à quarante-cinq minutes. Puis la personne repartait. Parfois, il arrivait que M. Bettencourt me dise: “il est venu vraiment pour ce que je pensais…”. Mais il restait évasif.»

Chantal Trovel poursuit son récit: «M. Bettencourt avait dans son bureau un coffre contenant entre autres des grosses liquidités. Si une personne venait et qu’il avait la somme qu’elle lui demandait, alors il lui remettait les fonds. Mais si M. Bettencourt manquait de liquidités, soit il demandait à Claire Thibout de le contacter, soit il la faisait contacter par moi.» Pour Mme Trovel, il semble évident que « comme Mme Thibout était la comptable, M. Bettencourt faisait appel à elle afin de compléter les fonds présents dans son coffre ou lui donner quelque chose relatif à du financier ». L’ancienne assistante personnelle du milliardaire est formelle: « Mme Thibout donnait régulièrement des fonds en liquide à M. Bettencourt à sa demande. Il signait des bons de caisse qu’elle lui préparait. Je savais que M. Bettencourt avait des fonds en liquide car régulièrement il me demandait : “Appelez Mme Thibout car j’ai besoin d’argent” ou formulé d’une autre manière. Cela ne laissait aucun doute qu’il avait de l’argent liquide dans le coffre. »……..


Autre audition édifiante, celle de Pascal Bonnefoy, l’homme par qui le scandale est arrivé. Maître d’hôtel chez les Bettencourt de 1989 à 1993 puis de 1998 à 2010, c’est lui qui a installé un dictaphone espion …..

Qui étaient les hommes politiques qui fréquentaient les époux Bettencourt à l’époque où vous étiez à leur service, et notamment ceux que vous avez vus personnellement?», lui ont demandé les policiers. Réponse de M. Bonnefoy: «Les hommes politiques que j’ai vus sont : M. Balladur, M. Woerth, M. Kouchner, M. Messmer, M. et Mme Chirac, M. Sarkozy (à l’époque il était ministre de l’intérieur je crois – période de 2002 à 2004 – et je ne l’ai vu qu’une fois). D’autres personnalités politiques sont peut-être venues mais je vous rappelle que je n’étais pas toujours présent au domicile de Monsieur et Madame.»

Dans le souvenir de l’ex-maître d’hôtel, il s’agissait de «déjeuners ou dîners, donc cela implique que c’était convivial ; les discussions pouvaient porter aussi bien sur la politique que sur l’actualité. Dans beaucoup de cas, c’étaient avant tout des relations affectives, amicales. En ce qui concerne M. Woerth je crois que c’est M. de Maistre qui l’avait invité.»…

 

«Tout d’abord, a indiqué M. Bonnefoy, Monsieur et Madame sont nés dans les années 1920 et à l’époque il n’y avait pas de chéquier ou de carte bancaire. Monsieur et Madame avaient donc tendance à toujours vouloir avoir des espèces, c’était leur mode de fonctionnement. Moi personnellement je n’ai jamais vu une enveloppe destinée à telle ou telle personne, mais lors des déjeuners ou des réceptions, il nous est arrivé entre nous de dire qu’effectivement ces réceptions étaient d’abord et avant tout conviviales mais que les convives venaient aussi pour solliciter Monsieur et Madame. Monsieur et Madame étaient très courtisés. » Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites…

Et l’ancien majordome d’enfoncer le clou: «Ces enveloppes, elles existaient, j’en ai d’ailleurs vu une, une fois sur son bureau, papier kraft sans nom. De ce que je sais, c’est Mme Thibout, la comptable, qui allait retirer les espèces sur demande de Monsieur et Madame, ces espèces étaient mises sous enveloppes, puis soit Mme Thibout les remettait directement à Monsieur et Madame ou elle les remettait aux secrétaires respectives de Monsieur et Madame afin qu’elles les leur remettent. En ce qui concerne Monsieur, puisque j’étais plus spécifiquement à son service, ces enveloppes étaient mises la plupart du temps par Monsieur directement dans son coffre.»…………

Selon nos informations, d’autres anciens employés des Bettencourt qui ont témoigné récemment devant la PJ ont conforté les déclarations de Mme Thibout s’agissant de la circulation d’espèces dans l’hôtel particulier. Par exemple Christiane Djenane, ancienne secrétaire personnelle de Liliane Bettencourt, ou Dominique Gaspard, employée de maison. Ou encore Dominique G., un ancien chauffeur d’André Bettencourt, questionné par la brigade financière mardi 13 juillet, et qui a accepté de répondre à Mediapart

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