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APRES LE AYENKINI, LE BIKINI, VOILA LE BURKINI

Dans un pays où la plage est une véritable "culture", que ce soit pour le surf ou la simple baignade, il y avait "un vide qu'il fallait combler", se souvient Mme Zanetti. La styliste crée alors le "burkini": un costume de bain en polyester, d'une rigoureuse couleur noire, qui enveloppe l'ensemble du corps, des cheveux jusqu'aux chevilles. Depuis, sa société "Ahiida", installée dans une banlieue de Sydney, reçoit aujourd'hui des centaines de commandes, venues de toute l'Australie mais également de l'étranger. Coïncidant avec le centenaire des Surfeurs sauveteurs en mer d'Australie, Mme Zanetti a également sorti un burkini rouge et jaune, aux couleurs des sauveteurs. Pour la jeune Mecca Laalaa, 20 ans, cela a été le déclencheur qui l'a convaincue de rejoindre le programme d'entraînement des maîtres-nageurs. "Ce que je portais pour nager m'empêcher de m'impliquer dans des activités nautiques… Pour moi, le burkini signifie que plus rien ne peut m'arrêter", témoigne-t-elle. Le nouveau "maillot" a reçu la bénédiction du mufti d'Australie, le cheikh Taj Aldin al-Hilali. Les musulmans sont 300.000 dans le pays, sur une vingtaine de millions d'habitants. Mais, pour "libérateur" qu'il apparaisse aux musulmanes, le burkini n'en a pas moins suscité la controverse dans une Australie où il y a un peu plus d'un an, en décembre 2005, des émeutes avaient éclaté sur la plage de Cronulla, à Sydney, entre des jeunes originaires du Moyen-Orient et des Australiens de souche européenne venus "reprendre possession" du rivage. Mme Zanetti indique ainsi avoir reçu des courriels racistes mais elle fait également l'objet d'une menace de mort venant d'un musulman qui qualifie son costume de "honte". Il en faut cependant plus pour décourager la styliste: "Je n'y prête pas réellement attention".

Source/Madeleine COOREY