Bondamanjak

Après le dialogue social, la nécessité du dialogue syndical

Ainsi, dix ans après, nous pouvons saluer les progrès du dialogue social dans les entreprises en Martinique. Les chefs d’entreprise ont compris que le dialogue social passait par la vitalité des Institutions Représentatives du Personnel au sein de leurs organisations. Au MEDEF Martinique, 95% de nos entreprises-membres ont des IRP en fonctionnement, conformément à la législation.  Dans ce climat de confiance régulièrement approfondi, ils ont vu la représentation des salariés progresser en qualité et en responsabilité pour devenir des partenaires du développement, soucieux de la réussite de leur outil de travail. Ces progrès se sont traduits par une très forte réduction des jours de grève et –on peut l’imaginer- par une mobilisation accrue des salariés en faveur du développement de leurs entreprises. Ce mouvement s’est ainsi accompagné d’une période de croissance unique qui a bénéficié à tous, en particulier par la réduction du chômage dans des proportions inespérées, puisqu’il est passé de 28% de la population active en 2000 à 22% en 2009. Aujourd’hui, sa remontée à presque 30%, ruine tout espoir de reprise économique solide et rapide pour notre département pour les 3 ans à venir.

Les progrès du dialogue social n’ont cependant pas dépassé le cadre des entreprises. En dehors des syndicalistes et chefs d’entreprises impliqués au sein de l’ADSM, les centrales syndicales locales ont vécu ces progrès du dialogue social comme un affaiblissement de leurs rôles, au lieu de le ressentir comme le résultat d’un succès partagé, alors même qu’ils avaient participé pleinement de cette évolution lorsque ce mouvement de sensibilisation et d’éducation des chefs d’entreprise et de leurs salariés a été lancé.

Aujourd’hui, il nous faut donc réussir le défi du dialogue syndical, alors même que la création hétéroclite et ambigüe du Collectif du 5 février rend ce défi tellement plus difficile. Il n’y a pas d’autre voie pourtant car cet échec du dialogue syndical pourrait se révéler mortifère et remettre en cause les progrès que nous avons accompli collectivement dans le dialogue social au sein de nos entreprises. Les syndicats, trop affaiblis par un discours purement idéologique, ont quitté le champs de la défense des intérêts matériels et moraux des salariés pour investir le champs de la concurrence et des prix avec un discours de lutte contre la vie chère, avec lequel il s’autorise toutes les dérives, sans pour autant l’approcher avec le sérieux et l’objectivité nécessaires pour produire de vrais résultats. Dans ce domaine, on a vu que la crise de février 2009 aura produit les effets inverses de ceux souhaités en fragilisant plus que tout l’écosystème des petites entreprises, et en particulier des créations récentes.

Pour réussir le dialogue syndical, il convient de rétablir les conditions d’un dialogue entre égaux avec les organisations syndicales locales et représentatives, pour que chacun puisse faire le pari de la confiance. Cela signifie qu’il convient de travailler avec sincérité et détermination à la participation maximum des centrales syndicales locales au fonctionnement des instances paritaires. C’est en effet là qu’il est entretenu au quotidien par les mandataires respectifs des syndicats de salariés et patronaux. C’est le travail qui est précisément entrepris actuellement avec le soutien de la Direction du Travail et dans lequel le MEDEF est pleinement impliqué à travers la Commission Paritaire d’Interprétation et de Suivi. Vouloir le développement d’un dialogue syndical constructif, c’est vouloir des syndicats renforcés plutôt que des syndicats affaiblis par leur manque d’écho auprès des salariés, et qui ne trouvent de moyen d’exister que dans la conflictualité, si destructrice pour notre fragile tissu économique. La Martinique mérite un vrai dialogue syndical fondé sur le respect et la volonté partagé de favoriser le développement économique de notre région afin de créer les emplois nécessaires à l’épanouissement de la population et à l’accueil de notre jeunesse.

Le travail doit commencer maintenant.

Cyril Comte

Président du MEDEF Martinique