Bondamanjak

AU NOM de MUMIA : Marre de la malhonnêteté intellectuelle ! (Lettre ouverte à Serge Bilé)

Troisième « erreur ». JH a été invité pour animer une réunion publique – un « meeting » dans le jargon militant- organisée par une espèce de comité fantôme (c’est en tout cas ce que laisse penser l’orchestration de Monsieur de Bilé !) le vendredi 09, kidonk demain, à 18h30 au Téat Otonom Mawon (TOM) de la Croix-Mission sis à Fort-de-France, en Martinique-CFA (Colonie Française d’Amérique).

One more time, Jacky Hortaut a été invité pour cela ! Pour, lors de ce meeting, rappeler les éléments historiques de l’affaire Abu Jamal et alerter l’opinion publique de la Guadeloupe où il s’est rendu avant de venir chez nous et de la Martinique sur la gravité de la situation de Mumia qui, le 09 novembre prochain à la Cour d’Appel de Philadelphie risque soit la condamnation à mort soit la prison à perpétuité.

Or The-Grand-Journaliste réussit la prouesse de clore l’entretien non seulement sans faire aucune allusion au meeting mais également sans « voir » le clin d’œil du  pauvre JH tentant de  rattraper l’ « oubli » !

 

Bon sang ! Mais quand sortirons-nous de la petitesse, de la mesquinerie, des coups bas gratuits ? Devant une affaire aussi grave que le sort d’un homme qui n’a jamais cessé de se battre pour prouver son innocence, qui, par-delà son propre sort, tente de faire triompher la cause des laissés-pour-compte du système américain, en l’occurrence les Africains-Américains, tente de faire triompher la simple vérité, ne peut-il exister un moratoire sur notre bêtise, sur nos bassesses, sur la malhonnêteté intellectuelle ?

T’es content ce soir Bilé ? T’as niqué Pago ??? Et tu vas prier les dieux d’Afrique (tu te souviens d’eux, en fait ?) pour « sauver Mumia » ???

 

Y EN A MARRE !!! Y en a marre que des journalistes sans conscience, au lieu de vivre leur profession dans l’exigence d’une mission de service public l’utilise comme élément de pouvoir et s’achètent les bonnes grâces de ceux qu’ils vont promotionner à outrance ou décident au contraire de noyer d’autres dans l’ombre selon leur bon vouloir dans un népotisme digne d’une république bananière !

Y en a marre que des non-martiniquais, au lieu de savoir gré à notre pays de faire plus que les accueillir, de les placer sur un piédestal qu’ils n’auraient jamais eu chez eux, ne savent au final montrer que mépris et arrogance envers nos gens.

 

Mais y en a marre aussi de nous, toujours prêts à nous pâmer de béatitude, à parer de saintes vertus des gens qui n’ont de plus que nous que le fait de venir d’un autre-bord mythique, qu’il soit africain ou occidental ! Mais prêts aussi à désigner comme responsables de tous nos maux nos frères caribéens de Sainte-Lucie, de la Dominique ou d’Haïti !

Prêts à embaucher des médecins blancs dans un Centre Hospitalier sur la seule foi de leurs dires, leur diplôme n’en finissant pas de se faire attendre, jusqu’à ce que le scandale éclate au grand jour ! Prêts à hisser au rang de dieux de la salsa des Cubains sans aucun diplôme de professeur sur la seule foi de leur cubanitude et qui, une fois, ici, crachent sur leur pays et apprennent vite à tirer profit de notre goût des artifices ! Des Africains qui, s’ils étaient restés chez eux, seraient de simples citoyens africains parmi d’autres mais qui, ici, grâce à nos flatteries, à notre admiration souvent injustifiée, sont hissés au rang d’icônes et viennent de surcroit nous donner des leçons.

 

Non Bilé, tu n’es pas meilleur journaliste qu’une Nathalie Jos, qu’un Serge Zobéide dont les minables de votre station ont fomenté le départ et qui te fait l’honneur d’être ton ami, qu’un Michel Nédan, qu’une Pascale Lavenaire, qu’un Rudy Rabathaly, qu’une Lisa David, qu’une Magalie Moutoussamy, qu’une Yvonne Guilon, qu’un Rodolf Etienne, qu’une Laure Martin, – la plus martiniquaise des zorey et parfois même tellement plus Martiniquaise que bien des natifs-natals! Laure ma chérie, ici, chez moi, c’est chez toi, aussi longtemps que tu le voudras) – et que tant d’autres !

 

Serge  Bilé ta criante malhonnêteté intellectuelle de ce soir, n’est qu’une illustration de jusqu’où tu peux aller dans la malveillance, dans ton ambition-bulldozer, avec la bénédiction des gens de ce pays mien. Michelle Maillet, qui, la première, a enquêté, écrit, bossé (non, je ne dirai pas « comme une négresse » !)  sur la question de la présence des Noirs dans les camps de concentration en a fait l’amère expérience… Mais elle n’est qu’une… femme ! Martiniquaise de surcroit !

 

La Martinique a toujours été, est et je l’espère demeurera une terre d’accueil pour tous ceux qui s’y sentent chez eux, qui l’aiment sincèrement et travaillent de concert avec nous à la rendre plus belle, plus grande, plus digne. Mais Y EN A MARRE qu’elle serve de manne, de vivier à des profiteurs qui ne la respectent même pas, qui ne nous respectent même pas !

 

Je n’ai jamais dit ni même pensé demander à quiconque de bouger de mon pays ! Jamais ! Mais ce soir ma colère est telle que j’ai envie de te dire que tu ne mérites pas cette terre d’accueil qu’est mon île ! Que tu n’en es pas digne ! (T’inquiète, Sarko n’a pas fait une émule !) Dis, Bilé, tu veux pas aller voir ailleurs si on n’y est pas ? Mais où irais-tu ? Je ne peux te dire : « Rentre chez toi » parce que je pense sincèrement que tu ne mérites pas non plus l’Afrique ! Tu aurais tôt fait de la polluer de tes miasmes mentaux ! Elle souffre de maux suffisamment conséquents pour qu’on ne rajoute pas à son malheur…

Alors où irais-tu ?

 

Ecoute… Tu peux rester… Tu peux rester parce qu’en définitive, mon papa d’amour m’ayant appris qu’il ne faut jamais blâmer une contrariété, j’ai envie d’apprendre de ce qui s’est passé ce soir tout ce qu’il est possible d’en apprendre. Et, par conséquent, j’ai envie de te dire merci d’avoir provoqué en moi une saine colère. Merci aussi de nous révéler, à travers ton non-exemple, un pan de nous-mêmes ; de mettre, à ton corps défendant, en lumière TOUT ce qu’il nous reste à travailler pour grandir un titak en nous-mêmes.

Dis, Bilé, si tu restes, tu veux bien essayer de grandir avec nous ?

 

 

Nicole CAGE

Les Hauts de Villeneuve, Sainte-Marie,

Jeudi 04 novembre 2010, à une heure avancée de la nuit