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Autonomie en Martinique ?

En voyage officiel à la Martinique, Nicolas Sarkozy a proposé que les martiniquais votent par référendum la possibilité que cette île antillaise obtienne un statut d’autonomie. À l’heure actuelle, la Martinique, comme les autres appelés DOM (départements d’outremer : la Guadeloupe, la Réunion et la Guyane) sont départements et région, presqu’administrativement jumeaux des départements métropolitains.

Cette proposition, qu’aucun autre président précédent n’aurait osé faire, n’est pas surprenante de la part de Sarkozy, pour lequel l’idéologie est moins importante que la conviction personnelle, c’est-à-dire, que le pouvoir personnel. Son pragmatisme lui est utile pour faire tomber quelques préjugés historiques, dans la stricte mesure qu’il pense qu’il s’en sortira sans dommage.

Cette annonce a provoqué une certaine joie en Martinique, qui est le DOM français dans lequel il existe une tendance plus forte d’autonomisme, et même d’indépendantisme. Bien entendu, cette proposition présidentielle développe une fois de plus l’état de léthargie des populations françaises, qui doivent voir que le changement statuaire d’un territoire est toujours promu depuis le haut, puisque les mécanismes, légaux ou mentaux, n’existent pas pour que ces changements soit promus depuis les territoires mêmes.

De quelle autonomie s’agit-il ? D’une autonomie extralight, bien sûr. À Tahiti, par exemple, qu’il a déjà un statut de ce type, l’assemblée territoriale utilise le tahitien comme langue de communication en plus du Français, mais cet usage est alegal : là-bas, comme partout, seul le Français peut être langue officielle.

Si le projet de référendum est concrétisé, c’est-à-dire, si le contexte politique ne fait pas penser à Sarkozy que sa sécurité incite à une retraite prudente, il est probable que gagne le «oui» à l’autonomie. Mais le débat sera violent. Sarkozy a déjà averti qu’il ne s’agira en aucun cas d’une première étape vers l’indépendance, et a justifié son initiative par le terme «équation unité-singularité».

Mais toute l’armée de jacobins ronds-de-cuirs débarquera en Martinique pour défendre que l’uniformisation est le seul chemin possible pour tout citoyen français, et ils prieront les martiniquais d’accélérer le processus d’assimilation, d’oublier le créole et faire semblant d’avoir la même couleur de peau que les Parisiens.

Ils chanteront la Marseillaise comme si le patriotisme était une panacée capable de soigner n’importe quelle crise économique et sociale, et ils affirmeront sans vergogne qu’il vaut mieux être pauvre et malade mais français qu’être riche et en bonne santé mais non français. Parce que, pour eux, être «autonome» c’est déjà d’être une autre chose, c’est déjà le commencement d’une insupportable trahison. Et ils défendront les solutions utilisées jusqu’à maintenant : inonder la Martinique de subventions pour maintenir sous perfusion une île que le centralisme même empêche de pouvoir se développer pleinement.

Article original en catalan http://www.elpunt.cat/noticia/article/-/-/55207.html