Bondamanjak

Aviation. Equipages de toutes compagnies, révoltez-vous !

Cette année les quatre crashes consécutifs en deux semaines ont ébranlé le monde l'aviation. Jusqu'à aujourd'hui les métiers de l'air avaient toujours été entourés d'une aura de prestige. Depuis quelques années, avec la déréglementation du secteur, l'avion est de plus en plus considéré comme "un mal necessaire". Le 747 qui relie les Antilles à Paris est désormais appellé "le bus". "Je vais prendre le bus" pour aller à Paris. Le bus pour l'aspect banal de l'acte. Le bus pour le confort et la qualité de la nourriture en classe éco. Tous les antillais ont pris l'avion. Tous les antillais prendront l'avion. Notre culture, notre histoire est marquée par les moyens de transport, c'est le destin des îles. Cette tragédie trouble le sommeil des Martiniquais, j'en connais qui dorment peu depuis lors. Pourquoi sont-ils si touchés ? Aucun membre de leur famille proche n'est dans la liste fatale. Pourtant ils porteront le deuil, car ils auraient pû aller au Panama, eux aussi, choisir le billet selon le prix, eux aussi, voyager en famille, eux aussi. Alors pourquoi eux sont-ils morts ? Et puis les circonstances sont particulièrement éprouvantes. Un ami me racontait son cauchemar quotidien, aux alentours de 4H00 chaque matin. Il se voit dans l'avion, il réalise que les pauvres passagers ont compris ce qui arrivait. Ceux qui ont des enfants comprendront de quoi je parle. Il vous reste une minute à vivre… Tous les jours il fait le même cauchemar. Pour que cela ne se reproduise pas dans les mêmes circonstances, nous appelons les équipages à la révolte. Vous qui volez tous les jours, vous qui êtes steward, hôtesse, pilote, dénoncez vos employeurs si vous estimez qu'ils vont trop loin dans le laisser-aller. Jusqu'à cette année vous avez "couvert" les pratiques de votre secteur, au nom du prestige de l'uniforme ? Aujourd'hui vous êtes en première ligne. Seuls vous qui vivez dans ces avions, vous qui connaissez les procédures admissibles. Oui vous pouvez changer les choses. Ce combat doit être mené au nom des 160 personnes du vol WC707, les 153 passagers et les 7 membres d'équipage. Eux aussi ont été victimes d'un système qui devient fou. Dans tous les accidents passés et à venir il y aura l'un d'entre vous. Comment ne voyez vous pas que vous êtes les premières victimes du laxisme en matière de sécurité ? Ouvrez des sites internet, dites haut et fort. N'ayez pas peur. Oui c'est un combat, oui ils ont des armées d'avocats qui vous attaqueront sur "le respect de l'image de marque". Votre voix sera entendue par vos passagers. Car le jour où l'un de nous sera victime dans un accident d'avion, il y aura forcément un de vous – équipage – avec nous. Il est désormais de votre responsabilité humaine de faire savoir aux autorités, à la presse, à qui vous voulez, que telle ou telle compagnie dérape. Bien entendu il ya des risques. Mais vous n'avez plus le choix, trop de laxisme a entrainé le secteur de l'aviation dans une impasse. Cette série de catastrophes a créé un choc dans l'opinion. Dans quelques années on vous plaindra de travailler dans un métier à risques. Du prestige à la pitié. J