Bondamanjak

AVRIL, MOIS LAMINAIRE

Voilà, c'est fait… Depuis quelques jours que le bulletin de santé se résumait à une phrase laconique surfant sur les mots stabilité et préoccupation, Aimé Césaire est finalement reparti dans les étoiles ce jeudi matin ensoleillé d'avril, révélant, s'il faut en croire les déclarations de nos politiques et autres premières personnalités interviewées, surprise et émotion. Une semaine n'aura donc pas suffit pour se préparer à sa mort. Peut-être que certains croyaient encore, dans l'intimité de leur chair à l'éternité d' un homme aussi vrai que dense, à l'image de son être et de son oeuvre…
Un homme qui aura si bellement incarné la négritude et la fraternelle humanité (tant il est vrai et évident pour ceux qui ont lu son oeuvre que ces deux termes n'ont jamais été antinomiques), la préciosité des vrais artistes et la délicate simplicité du quotidien, l'engagement soutenu tant en littérature qu'en politique contre les stéréotypes et la connerie.
Un maire, mon maire, qui aura recomposé la Ville, l'aura réhabilitée, restaurée, assainie; un homme politique qui, en nous signifiant que c'était à notre tour d'entrer sur la scène de l'histoire, nous aura ouvert les portes du monde; un écrivain qui aura eu l'immense talent d'avoir déjà tout dit et de si belle manière tout en nous stimulant, nous encourageant, nous donnant les moyens de notre propre créativité, tant il est vrai que la négritude était un vaisseau amiral à l'ombre duquel ont commmencé à voguer tant de coques de noix devenus splendides navires…
En clôture de ce qui est tout sauf un hommage posthume, je voudrais citer deux phrases du Vieux, la première, disons plus "politique": Il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient que la révolution, ça consiste à prendre la place des blancs et continuer, en lieu et place, je veux dire sur le dos de nègres, à faire le blanc"; la deuxième, plus "poétique": la langue maléfique de la nuit en son immobile verrition"
 
A anlot dékou!                    
 
 
Marius Gottin