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Brésil : Un cimetière d’esclaves africains transformé en musée à Rio de Janeiro

 

Les propriétaires de l’habitation, Ana et Petrucio de la Merced Guimaraes, ont dû se battre pour que le musée voit le jour, se heurtant aux résistances d’un pays ayant souvent refusé de reconnaître son passé esclavagiste et raciste.

Dans ce cas, les restes des esclaves ont été découverts par accident, lorsque le couple a acheté la résidence en 1996 et ont commencé à la rénover. Durant les années qui ont suivi, les ossements sont restés dans des trous d’abord creusées par des ouvriers puis par des chercheurs.

Maintenant, les visiteurs du musée peuvent regarder à travers des pyramides en verre installées à même le plancher de béton afin d’observer les os des quelque 20 000 hommes, femmes et enfants qui reposent sous la maison.

La plupart de ces esclaves appartenaient au groupe ethnique bantou et étaient originaires du centre de l’Afrique du Sud. Selon Julio Cesar Medeiros Pereira, l’auteur d’un livre sur le cimetière, ces Africains croyaient notamment que, sans sépulture, ils ne pourraient jamais retrouver leurs ancêtres.

«J’ai l’impression que ces gens qui ont longtemps été enterrés ici peuvent enfin revivre», a déclaré Mère Edelzuita, l’une des leaders de la religion afro-brésilienne candomblé, qui mêle catholicisme, rites indigènes et croyances africaines, ayant participé à la cérémonie d’ouverture du musée.

Le cimetière faisait partie de ce qui fut autrefois un haut lieu de la traite des noirs en Amérique. Environ un million d’Africains ont mis le pied au Nouveau Monde pour la première fois à Rio de Janeiro, où ils étaient entassés dans une cinquantaine de hangars en attendant d’être vendus.

Affaiblis par la longue traversée de l’Atlantique, plusieurs d’entre eux sont morts avant d’avoir été achetés et leurs corps ont été inhumés entre 1769 et 1830 dans ce qui était appelé le «cimetière des nouveaux noirs», même si l’endroit ressemblait plus à un dépotoir qu’à un lieu de sépulture.

Les dépouilles des esclaves étaient jetées dans des fosses communes et brûlées, leurs os souvent brisés afin de faire de la place pour d’autres cadavres. D’après les chercheurs, les occupants de certains entrepôts pouvaient sentir l’odeur fétide qui se dégageait du charnier à ciel ouvert.

Mme et M. de la Merced Guimaraes ont joué un rôle de premier plan dans la sensibilisation des autorités et du public à l’importance historique du cimetière. En 2005, ils ont fondé l’Institut des nouveaux noirs, une organisation vouée à la recherche et à l’éducation sur l’héritage africain du Brésil.

«Derrière chaque Afro-Brésilien, il y a un ‘nouveau noir’», a indiqué Reinaldo Tavares, un archéologue rattaché à l’Institut. «Ceux qui sont morts sont ici, mais ceux qui ont survécu ont donné naissance à de nombreux descendants qui sont maintenant partout au Brésil. Nous faisons tout en notre pouvoir pour préserver cette histoire et la faire connaître.»

Mais pour Ana de la Merced Guimaraes, l’idée derrière ce musée n’était pas seulement de se pencher sur le passé, mais également de réfléchir à l’avenir.

«Nous ne voulions pas que ce projet ne parle que les gens qui ont disparu parce qu’il concerne aussi des personnes et une culture qui sont encore bien vivantes», a-t-elle conclu.

 

Source :

http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/09/15/un-cimetire-desclaves-a_n_1887216.html