Bondamanjak

BUMIDOM 50 ans,

 

L’an de grâce 1959,

En France, un gouvernement traumatisé par la perte de l’Indochine, par la Guerre d’Algérie et craintif des répercussions, dans ses territoires, des effets des indépendances africaines et de la Révolution cubaine.

En Martinique, une situation économique désastreuse avec la fermeture des usines et l’accentuation de l’exode rurale. Une population miséreuse. Une jeunesse sans travail, sans avenir, sans espoir.

Pas de service militaire car pas d’argent. Des classes d’âge successives mises en « congé budgétaire », mais environ 500 engagés volontaires chaque année.

En Guyane, sous peuplement, sous-développement. Besoin de main d’œuvre pour construire des routes et de jeunes hommes pour peupler l’immensité guyanaise.

Décembre 1959 à Fort de France. Trois jours de révoltes, d’émeutes, de confrontations violentes entre une jeunesse urbaine désœuvrée et des forces de l’ordre tétanisées.

Début des années 60. La fin d’une époque ponctuée par  «l’affaire des tricots » en 1960, trois ouvriers agricoles tués par les gendarmes au Lamentin au cours d’une grève en 1961, l’affaire dite du « Complot de l’OJAM » (organisation de la jeunesse anticolonialiste martiniquaise) en 1963, le soulèvement populaire lors de l’arrestation de Pierre-Juste Marny en 1965, …..

Alors, préserver ses « vieilles colonies » conduisit le gouvernement de l’époque à trouver des moyens pour conserver ses territoires considéré comme commercialement et stratégiquement importants.

Dans les mois  qui suivirent les évènements de décembre 1959, une série de mesures va être instaurée avec pour objectif :

 

– réduire l’agitation sociale en éloignant des Antilles cette jeunesse indocile, considérée comme trop nombreuse. « La démographie galopante au Antilles Françaises impliquera à court terme une densité de 400 habitants au km2 » – Général Nemo (1961) créateur du SMA.

– éviter la contagion en l’intégrant au fait national français en utilisant la fonction intégratrice de l’armée,

– façonner l’opinion publique en y portant la parole de la France via l’ORTF télévision et l’implantation du quotidien de M. Hersant,

– peupler, construire les infrastructures et mettre en valeur économique la Guyane,

– bloquer l’affectation outremer  des fonctionnaires potentiellement séditieux,

– tenter un démarrage économique.

Ainsi sont nées entre 1960 et 1963 le BUMIDOM (Bureau pour le développement des Migrations Intéressant les Départements d’Outre-Mer), le SMA (Service Militaire Adapté aux conditions économiques et sociales des départements d’Outre-Mer) et l’Ordonnance du 15 octobre 1960, mais aussi la loi n° 60-1368 du 21 décembre 1960 qui instaure que divers régimes de faveur, de caractère sélectif, peuvent être accordés aux entreprises et aux investisseurs qui concourent au développement économique et social de ces départements, la décision en mai 1963 d’implanter la télévision en Martinique, inaugurée en juillet 1964,  l’intégration de Radio Martinique à l’ORTF en 1964.

Ce soir, Monique Milia MARIE-LUCE (Docteur en histoire) a donné une conférence au Conseil Général sur le thème « Un anniversaire contre l’oubli. 1963 : la naissance du BUMIDOM », sous l’égide des Archives Départementales et à l’invitation de Mme Josette MANIN, Présidente du Conseil Général.