Bondamanjak

Chic, chèques et choc…

Valérie Salvinien ne décolère pas. Cette femme, âgée de 44 ans, a déposé plainte il y a huit jours pour discrimination contre le Super U du Mesnil-le-Roi, dans les Yvelines. Elle reproche au magasin d’avoir refusé qu’elle paie ses achats avec son chéquier au motif que l’adresse indiquée était à Mantes-la-Jolie, une ville classée comme zone sensible par le ministère de l’Intérieur. « C’est hallucinant ! Avant de déménager ici, nous avons habité cinq ans à Mantes. Comme s’il n’y vivait que des voyous et des racailles », s’indigne-t-elle. Vers 13 heures le mardi 25 janvier, dans cette commune très résidentielle coincée entre Maisons-Laffitte et la forêt de Saint-Germain-en-Laye, cette mère de famille se rend dans la supérette pour acheter du Nutella et des croquettes pour chat. Arrivée à la caisse, Valérie demande si elle peut payer par chèque. La caissière accepte et scanne la formule avant de se raviser en voyant l’adresse. « Elle a dit : Ah, c’est Mantes. Je ne peux pas vous le prendre parce que le patron n’en veut plus, raconte la quadragénaire. Une seconde caissière m’a humiliée devant tout le monde en confirmant la sentence : Ici, le directeur fait ce qu’il veut !Et il ne veut plus des chèques de Mantes-la-Jolie à cause des impayés. » Valérie laisse alors ses achats sur le tapis de caisse et leur répond que c’est illégal. Dans la foulée, elle porte plainte au commissariat de Maisons-Laffitte, saisit la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) et la Direction départementale de protection des populations à la préfecture des Yvelines. « Je trouve cela complètement aberrant. Ça fait plus d’un an que je fréquente ce magasin. Ils n’ont jamais rien trouvé à dire sur ma carte de crédit. Je suis indignée, d’autant que d’autres que moi ont dû subir le même traitement. » Trop d’impayés Les policiers viennent rapidement chercher la caissière pour l’entendre hors de la supérette. « L’employée a confirmé les déclarations de la plaignante, précise une source proche de l’affaire. Elle affirme que son patron a donné des consignes et n’accepte pas les chèques des banlieues sensibles, Mantes, Les Mureaux ou Chanteloup-les-Vignes. » Le directeur du magasin, Patrick Bouine, est entendu à son tour lundi dernier et réfute les accusations de discrimination. « Ici, on accepte tout le monde, assure-t-il. Mon problème est purement financier. » Le directeur souligne qu’après avoir perdu des milliers d’euros en chèques impayés, il a pris la décision de n’accepter que les chèques de Maisons-Laffitte et du Mesnil-le-Roi. « Notre clientèle provient à 98% du quartier. J’aurais pu refuser tous les chèques. Mais je ne voulais pas pénaliser les personnes âgées qui souvent n’utilisent pas de carte de crédit », explique-t-il. Pour les enquêteurs, le délit est néanmoins constitué. Le dossier sera transmis au parquet de Versailles, qui décidera, dans les prochaines semaines, de la suite à donner à l’affaire. Source : Le Parisien