Bondamanjak

Chlordécone, Arlette Laguiller Répond A Boutrin Et A Confiant,

Messieurs,

Votre « lettre ouverte aux candidats aux élections présidentielles » demande à chacun des destinataires quelles sont les mesures qu'il compte prendre, s'il est élu, pour remédier à la situation créée par l'utilisation du chlordécone.

Etant certaine de ne pas être élue, il ne serait pas sérieux de ma part de prendre un engagement que je ne pourrai tenir. En revanche, je vous soutiens pleinement dans votre démarche car, en effet, il est scandaleux de faire payer à la population des Antilles les choix criminels des grands producteurs de bananes avec le soutien de l'État qui les a couverts.

Et il n'est certes pas consolant pour la population des Antilles subissant, comme vous le soulignez, « une explosion des cancers, des maladies de Parkinson et d'Alzheimer et des maladies auto-immunes », ainsi que la pollution des sols, de savoir que, malheureusement, il y a d'autres cas, comme celui de l'utilisation de l'amiante longtemps après qu'on en eût découvert la nocivité.

Vous pouvez, bien entendu, faire état de mon soutien à votre combat et de ma révolte.

Pour votre information cependant : pour ma part, je n'ai pas signé le Pacte écologique proposé par Nicolas Hulot, entre autres parce qu'il sert de caution à l'hypocrisie des candidats dont les partis gouvernent ce pays depuis un quart de siècle et qui ont toléré des agissements aussi scandaleux.

Par ailleurs, le Pacte écologique, en s'en prenant à la majorité de la population, en proposant des mesures qui touchent jusques y compris les plus pauvres comme, par exemple, la taxation plus forte des produits pétroliers, dégage en fait la responsabilité de ceux qui dirigent l'économie et la société.

Qui a décidé l'utilisation massive du chlordécone ? Qui l'a fabriqué, et avec quel profit ? Qui en a autorisé l'utilisation ?

C'est à ces questions qu'il faudrait répondre, en premier lieu. Et c'est à ceux-là qu'il faudra demander des comptes.

Bien cordialement.

Arlette Laguiller