Bondamanjak

CHRONIQUE D’UNE VIOLENCE ORDINAIRE EN MARTINIQUE

 Ce mardi 13 mars 2007, préfecture de la Martinique. Nous sommes devant le fameux bureau "des étrangers"…ceux et celles qui espèrent le fameux sésame français attendent. Les conditions se sont un peu améliorées. Ils sont sous un carbet…sauf qu'à deux mètres de là  trônent trois grosses poubelles. Bref. Il est 11h20 quand, un entend un cri qui brise le calme…dans un bureau du rez-de-chaussée, on sent que le désordre est en train d'oeuvrer, un homme hurle. Les forces de police, alertées, ne sont plus loin. Un vigile de la préfecture fait écran, pas question de laisser filtrer l'info…"Monsieur, il est interdit de faire des photos" dit-il…normal à l'intérieur du bureau, on sent que ça part en vrille. Des gardes mobiles bérets vissés, accourrent…dans la rue Papin dupont, on peut dénombrer quatre véhicules de polices…et les forces de l'ordre ne sont pas venues pour sauver le soldat Ryan. Le "coupable" du jour n'a pas sa dimention pigmentaire. C'est un haïtien qui est venu chercher ses papiers pour se rendre en Guadeloupe avec sa compagne. Il a sur son bras sa petite fille qui doit avoir presque deux ans. les choses s'accélère. le public présent est choqué mais quoi dire quoi faire à part s'indigner. Une mère tient son fils dans ses jupes…elle a les yeux inondés, elle pleure…le "coupable" lui est maîtrisé par les policiers…cet homme ne répond pas aux critères de l'immigration choisie…il porte des locks, il est vêtu façon caribbean mais en Martinique, la Caraïbe n'a pas droit de citer. Les policiers le bousculent, il se débat, mais ce n'est pas un talk show, dans sa tête et dans sa chair ça rime plus avec toc toc et bouf bouf…on (pronom indéfini) le jette dans le véhicule de police sans aucun ménagement. Son crime avoir injurié en créole son interlocuteur  fonctionnaire. Le créole, une langue  régionale…que très peu de gens usitent dans ce service alors que dans la Caraïbe, c'est un dénominateur commun linguistique. Mais bon, ici, on parle français alô débrouyé tjou zot pou palé fwansé…Le drame humain est en route. L'haïtien est amené vers une destination inconnue…quelques minutes plus tard un policier escorté sort avec l'enfant, on peut alors entendre dans la foule…"an plis i tou mignonne"…la petite fille a le bras qui comporte des rougeurs…signes extérieurs de l'échange qui a permis de l'arracher à son père…tjip.