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Ciao Nino, Sylvain Wiltord arrête le football pro

Alessandro Del Piero et Raúl qui quittent leur club, Pippo Inzaghi, Ruud Van Nistelrooy, et maintenant Sylvain Wiltord qui vont en retraite : le football perd quelques unes de ses plus belles gâchettes, six mois après l’annonce du retrait de Ronaldo des terrains. L’attaquant français quitte la scène footballistique dans l’anonymat, comparé aux célébrations dans les tribunes dont ont été gratifié les joueurs cités plus haut (sauf Van Nistelrooy, qui hésitait encore à l’issue de sa saison avec Malaga). C’est à Nantes que le joueur formé à Rennes (traître !) a terminé sa carrière, et il a sans doute quitté la Jonelière quand il a su que Landry Chauvin, entraîneur qu’il appréciait beaucoup, rejoignait Brest. Pour rendre hommage à ce grand joueur de l’Equipe de France, retournons sur sa carrière.

Fierté du centre de formation du Stade Rennais

Originaire de Martinique, il est néanmoins né à Neuilly. Repéré par le Stade Rennais, il intègre le centre de formation rouge et noir à 17 ans en 1991. Sous Michel Le Milinaire, il aide son club à remonter en première division en 1994. Après une première saison en D1 moyenne (7 buts), il explose littéralement en 1995-1996 avec 18 buts marqués. Alors qu’il doit partir à La Corogne, son club avorte le transfert. Nino partira finalement l’année d’après chez les Girondins de Bordeaux.

En Gironde, Wiltord joue en attaque aux côtés de Lilian Laslandes, et ensemble ils vont former le duo d’attaquants le plus prolifique de la saison 1998-1999, année où Bordeaux termine champion de France. Avec Elie Baup, l’ancien rennais devient meilleur buteur de D1 avec 22 buts. Très logiquement, il attire Roger Lemerre et Arsène Wenger. L’année 2000 sera faste pour Nino.

Décisif à l’Euro 2000

Non seulement il quitte la France pour Arsenal, mais il prendra part à l’Euro 2000 avec la France. Il y marquera le but le plus important de sa carrière. En finale contre l’Italie, il remplace Christophe Dugarry à l’heure de jeu, alors que Delvecchio vient de marquer pour la Squadra Azzurra. Dans le temps additionnel de la rencontre, alors que le score n’a toujours pas bougé, il marque le but décisif qui permet aux Bleus d’arracher la prolongation, puis le titre.

Chez les Gunners, il rejoint la colonie de Français qui s’y est installé (Thierry Henry, Robert Pires, Patrick Viera). Le garçon s’adapte bien à la vie londonienne, et fait partie de l’équipe qui termine invaincue et championne en 2003-2004. Aux côtés de Dennis Bergkamp, Thierry Henry et Robert Pires (plus Freddie Ljungberg), il forme un des quatuors offensifs les plus dangereux du monde. Dans le même temps, il est devenu un pilier de l’Equipe de France. Cependant, il joue peu lors de la splendide saison des Gunners, Wenger lui préférant le suédois Ljungberg et n’est pas prolongé à la fin de la saison. Il retourne dans l’Hexagone.

Le retour en France à Lyon

Et il choisit Lyon, club alors au sommet de son art. Il aide l’équipe de Jean-Michel Aulas à maintenir sa mainmise en Ligue 1, mais ne parvient pas à se hisser plus loin qu’en quarts de finale de la Ligue des Champions avec l’OL. 32 buts en trois saisons avec les Gones quand même, score honorable. Champion tous les ans quand même, au même titre que Juninho, Govou ou Coupet, joueurs qu’il côtoiera tous les jours durant son passage à Lyon. Il se fera repérer également pour ses sorties nocturnes trop répétées…

Eté 2007, Nino agace par ses frasques sur les bords du Rhône, mais n’est pas indésirable. Son club formateur, le Stade Rennais, voit qu’il joue moins (22 matchs de Ligue 1 lors de sa dernière saison sous le maillot lyonnais) et Pierre Dréossi fait alors tout pour le faire venir. Au bout de trois mois de discussions, l’affaire est enfin ficelée, le feuilleton estival prend fin à une semaine de la fermeture du marché des transferts. Avec Wiltord, Rennes veut prendre une autre dimension. Mais, comme à chaque tentative (jusqu’ici) d’entrer dans la cour des grands, les Bretons échouent et ce malgré la bonne saison de l’enfant prodigue, auteur de six buts et très complémentaire avec Jimmy Briand.

Après son départ de Rennes, des piges mais plus grand chose dans les chaussettes

Mais dès l’hiver 2008, Pierre Dréossi avait été remplacé par Guy Lacombe. Ce dernier a changé beaucoup de choses (il a notamment mis à la porte Etienne Didot) et ne s’entendra pas avec la star de l’équipe. L’ex-international quitte alors son club formateur au grand dam des supporters et rejoint l’Olympique de Marseille à l’hiver 2009. Il n’y fera pas sensation et, à l’issue de ces six mois où il n’aura marqué qu’un but, se retrouve sans contrat.

C’est le début de l’entrée de Nino dans l’anonymat. En janvier 2010, il effectue une pige de six mois avec le FC Metz, qui cherche désespérément un attaquant. Ce passage ne sera pas beaucoup plus concluant, il n’y marquera que trois buts. A nouveau sans club à l’été 2010, il se retrouve comme son ancien coéquipier Robert Pires aujourd’hui : à la recherche d’un club.

Une année au chômage plus tard, il signe en faveur du FC Nantes. Choix surprenant d’un côté pour un ancien rennais. Normal de l’autre quand on voit que l’entraineur des Canaris se nomme Landry Chauvin et que ce dernier a longtemps fait partie de l’encadrement rouge et noir (1992-2007), d’abord à la formation avant de terminer entraineur adjoint. Et là, Nino revit. A 37 ans, on n’a plus ses jambes de quand on en avait 25, mais le talent reste. En jouant des bouts de matchs, Wiltord parvient à marquer huit buts (dont un triplé contre Amiens) pour les Jaunes et Verts. A 38 ans, il hésite à continuer. Finalement, après le départ de Landry Chauvin, il décide de ne pas prolonger avec Nantes. Ce 11 juin, sur beIN Sport, il annonce la fin de sa carrière.

Ciao l’artiste

Ses statistiques de carrière sont éloquentes : 26 buts en 92 sélections en Equipe de France, 196 buts marqués en club, pour 668 matchs. Au moment de tirer les bilans, on peut dire que Nino Wiltord n’aura que peu marqué l’histoire des clubs où il a joué, mis à part Bordeaux où il est le principal artisan du titre en 1999, et Rennes car ce club n’est pas habitué à avoir des joueurs d’une telle notoriété dans son effectif. S’il peut nourrir quelques regrets, qu’il n’oublie pas l’essentiel : il a donné beaucoup de plaisir à voir jouer, et son but décisif à l’Euro 2000 fait que la France du football ne l’oubliera pas de sitôt.

Mickaël Georgeault