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COLLECTIFDOM/CRAN…LA GUERRE TRIBALE AURA-T-ELLE LIEU ?

Ce 29 avril 2006, le Collectif des Antillais Guyanais Réunionnais commet un communiqué de presse étonnant (visible ici) qui, annonce la couleur d’une guerre nouvelle : « Le CRAN porte la haine entre Noirs et Blancs ». Cette démarche est étonnante car elle pose une question embarrassante  » qui doit représenter « légitimement » la communauté domienne et tout ce qu’on veut, en France ? » La question est aussi conne que les réponses qu’on pourraient y apporter. Pour l’heure, une seule chose est sûre, ce n’est pas en oeuvrant dans une dimension tribale, que x ou y et même z feront avancer les choses.

Le texte du communiqué
Le CRAN porte la haine entre Noirs et Blancs

Le CRAN prétend représenter les Noirs en France, unis par la seule couleur de peau qui les déterminerait. Les médias surenchérissent en fantasmant sur le vote noir, la question noire, la communauté noire…
Cette vision est fondée sur un pré-supposé raciste, directement issu de lesclavage et de la colonisation : contrairement aux Blancs, les Noirs seraient des êtres inférieurs qui nont pas de conscience sociale et politique, didentité, de problématiques personnelles et collectives…

– Sans papiers, immigrés, Français dorigine africaine, originaires dOutre-Mer, tous les mêmes, ils sont noirs. – Droite, centre, gauche, extrême-gauche : ils sont noirs.

– Chrétiens, musulmans, animistes, polygames, pratiquant lexcision : pas de différences.

– Pauvres/riches, jeunes/vieux, noirs/métis plus ou moins clairs : peu importe, ils sont identiques. Aurait-on lidée de dire à un Français « blanc » que du fait de sa seule couleur de peau, il aurait la même problématique quun Russe ou un Finlandais ? A lévidence non.

Accepterait-on une association blanche excluant les Noirs comme le revendique le CRAN, qui ne permet pas à un blanc den être membre (ils ont créé les amis du CRAN pour éviter justement de devoir rendre des comptes sur cet apartheid) ? Clairement non.

Avec trois grands-parents blancs et un grand-parent noir, est-on noir ? Y aurait-il une pureté de la race blanche qui serait ternie par la moindre goutte de sang « noir » ?

La réalité est têtue malgré le matraquage médiatique :

1°) Le CRAN na pas de légitimité.

Le CRAN ne regroupe pas les originaires dOutre-Mer : les associations ultramarines dans leur immense majorité ont dénoncé comme raciste une association qui se créait sur la base de la couleur de peau : Le Collectifdom, mais aussi le Comité Marche du 23 Mai, la Fédération des Associations des Originaires dOutre-Mer, lAssociation Métropolitaine des Elus Originaires dOutre-Mer…

Entre Africains même, lethnie divise aussi bien en Afrique comme le montrent les guerres civiles ou les confrontations inter-étatiques, que dans lhexagone dans la première génération.

2°) Lidéologie du CRAN est dangereuse pour la République : Lidéologie du CRAN, qui consiste à créer une société dapartheid, Noirs dun côté, Blancs de lautre, est à contre-courant car jamais la France na été aussi métissée. Le taux de mariage mixte entre Noirs et Blancs est considérable, dix fois supérieur à celui des Etats-Unis.

– Cette idéologie détermine aussi un message subliminal de haine raciale et de confrontation Noirs/Blancs : Regroupons-nous car les Noirs ont été esclaves, les Noirs ont été colonisés, ils sont maintenant discriminés, et les responsables sont les Blancs. Un autre mouvement extrémiste, dont le leader est dorigine béninoise comme Patrick LOZES utilise cette même idéologie en en tirant toutes les conséquences : la haine ouverte du Blanc, quils appellent à combattre dans lhexagone.

– Les mouvements extrémistes sont dopés par cette création et leur idéologie qui surfe sur la peur utilise cette création pour stigmatiser la « guerre des races ». La médiatisation du CRAN favorise la montée du Front National et la popularité des discours xénophobes. Les premiers à en payer les conséquences seront les immigrés dorigine africaine.

– Si cette idéologie simpose en Outre-Mer, elle entraînerait affrontements et désordres. Cette idéologie porte à terme la haine raciale entre noirs et blancs.

3°) Il est faux de dire que les discriminations rassemblent originaires dOutre-Mer et français dorigine africaine. Dailleurs, le CRAN qui prétend lutter contre les discriminations na aucune action concrète. Pour illustrer son existence par des cas concret de discriminations, les médias sollicitent SOS Racisme ou le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais :

Les problématiques des Français originaires dAfrique sub-saharienne sont les mêmes que ceux des Français originaires dAfrique du Nord : les discriminations directes sont les mêmes. Quant à la problématique collective, pour les premières générations, elle est liée à leurs origines, au problème daccession à la nationalité française pour leurs proches, au développement de leur pays dorigine. Plus généralement à leur identification à lidentité française. Jeune Afrique faisait remarquer justement quil y avait peu de points communs entre un malien polygame, un animiste du Bénin et un Guadeloupéen chrétien, qui a étudié dans les écoles de la République.

Dailleurs, on cite souvent les Etats-Unis comme modèle de lobby noir. En réalité, il sagit dun lobby afro-américain. Les afro-caribéens qui ont pourtant connu lesclavage sont méprisés. Sait-on que Collin Powell, qui est afro-caribéen, na connu son beau-père, afro-américain, que le jour de son mariage ? Mais le traitement le plus dur est réservé aux Africains, accusés par les afro-américains de tous les maux et notamment de prendre leur place dans les universités et les entreprises.

Pendant longtemps, seules les discriminations contre les Français dorigine étrangère étaient prises en compte par les pouvoirs publics. Il est vrai que plus on est différent et plus on est discriminé. Et un Français dorigine étrangère, de religion non chrétienne en souffrira beaucoup plus quun Guadeloupéen ou un Martiniquais par exemple.

– La discrimination ethnique vise les ultramarins colorés noirs, métis, indiens… Le triptyque est connu : discrimination à lembauche, à la promotion sociale et au logement. Mais en examinant dans les détails, on saperçoit que la plupart des discriminations ne concernent pas seulement la couleur de peau. Et pour le logement par exemple, les discriminations qui se retrouvent le plus souvent concernent les cautions en Outre-Mer refusées en toute illégalité par les bailleurs, quelle que soit la couleur de peau. Alors que pour les Africains ou les originaires dAfrique, comme le montre un article récent paru dans le Point, ils sont victimes, hélas, de leur réputation, souvent infondée, de mauvais payeurs ou de polygames car les bailleurs hésitent à louer à des familles qui pourraient être trop nombreuses.

Ainsi sur les discriminations touchant lemploi, les ultramarins souffrent des différences de codes sociaux et de labsence de réseaux qui, en période de contraction de lemploi, jouent un rôle important dans les embauches. Ces handicaps qui touchent tous les ultramarins sans distinction de couleur pèsent aussi lourdement lorsquil sagit de postes élevés dans la hiérarchie. Ces postes plus rares, donc plus disputés sont pourvus généralement par cooptation, la publicité nétant que de pure forme.

Différents réseaux oeuvrent : le réseau familial ou social, relationnel ou amical (lorsque par exemple on a fait des études avec le DRH à Henri IV ou à Stanislas, HEC ou ailleurs, cela facilite lobtention du poste) ou encore le réseau régional (comme pour les Corses à la Mairie de Paris, les Bretons à TF1, les Auvergnats pour les cafés parisiens…). Les Antillais ont aussi leurs réseaux comme à la poste, dans les hôpitaux, ou à la Mairie de Paris pour certaines catégories de postes, les moins gratifiants. Il reste des verrous pour les emplois importants. Notre communauté a sa part de responsabilité car malheureusement, la réussite est individuelle et les grands chefs dentreprises antillais en Métropole ne jouent pas le jeu de la solidarité.

Ceux qui ont un accent prononcé, quelle que soit par ailleurs leur couleur de peau, subissent aussi des discriminations à lembauche.

– Trop souvent, on oublie les discriminations collectives. Ce sont pourtant les handicaps les plus nombreux. Ces discriminations collectives, sociales et spatiales, concernent lensemble des ultramarins, noirs, métis, blancs, indiens, orientaux, asiatiques : Il sagit du traitement discriminatoire dans les transferts de lÉtat aux régions dOutre-Mer, de la discrimination pour la continuité territoriale, de la discrimination numérique (ADSL plus onéreux en Outre-Mer) ; téléphonique (communications exorbitantes) ; bancaire (taux dintérêt plus élevé), de la discrimination cinématographique, de la discrimination télévisuelle à France Télévisions, de la discrimination historique…

Ces discriminations sont spécifiques à lOutre-Mer. Prenons le cas du CNC. Cette question de limage est essentielle. LOutre-Mer souffre des idées simplistes quont nos compatriotes métropolitains. La situation perdurera aussi longtemps que les films de lOutre-Mer ne pourront pleinement exprimer toute la richesse de la France et sa diversité, tant que la France ne se sera pas appropriée son histoire et sa géographie.

La discrimination culturelle non seulement asphyxie ce secteur économique essentiel, mais porte atteinte à lun des moyens daccès à linformation de lOutre-Mer. Sur les 20 dernières années (de 1983 à 2003), sur les 1921 films français produits, 1198 ont reçu lAvance Sur Recette (soit un peu moins de deux tiers de la production française). Depuis 1946, date de création du CNC, (soit presque 60 ans), seuls 6 films antillo-guyanais ont obtenu une avance sur recette : ce qui représente 1 en moyenne par décennie. Les cinéastes dOutre-Mer nont pas accès aux fonds européens ni à ceux du CNC qui concernent laide à la production issue de pays en voie de développement car ils sont considérés comme des cinéastes français. Ils cumulent donc les handicaps. Tel nest pas le cas pour les cinéastes africains qui bénéficient des aides de leur pays dorigine, des aides de la coopération française, des aides du CNC qui se débloquent avec celles de la coopération, des aides européennes.

Contact Patrick KARAM : 06 12 48 62 32
Président
www.collectifdom.com