Bondamanjak

Communiqué de l’APLCR, sur le CAPES de Créole

 Il convient donc de rappeler que dès le départ, la position du GEREC-F sur ce concours a été très claire et n’a jamais varié :

   . un CAPES bi-valent (c’est-à-dire comprenant pour moitié des épreuves de créole et pour l’autre des épreuves dans une autre discipline : anglais, espagnol, lettres modernes, histoire et géographie) et non un CAPES monovalent (c’est-à-dire entièrement créole) aux débouchés peu évidents étant donné que le créole n’est pas encore une matière obligatoire et n’est donc pas enseigné dans toutes les écoles ; 

   . un CAPES unique regroupant la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion de manière à préserver une certaine unité entre les différents peuples créoles.

 

   C’est la position du GEREC-F qui a été retenue par le Ministère de l’Education Nationale et le CAPES de créole fonctionne sur cette base depuis bientôt 6 ans. Si depuis lors des polémiques ont éclaté, c’est pour une raison toute simple : ceux qui au départ s’étaient montrés violemment hostiles à la création du CAPES de créole se sont arrangés pour squatter le jury du concours et pour y faire la pluie et le beau temps. Nous ne nous appesantirons pas plus avant sur cet épisode peu glorieux pour ceux qui en furent les auteurs dans la mesure où l’APLCR est en train de rédiger un mémorandum sur la question, mémorandum dans lequel les positions des uns et des autres ainsi que leurs responsabilités dans le cafouillage qui en a découlé seront livrées au grand public.

 

   Pour l’heure, nous nous contenterons de répondre en vrac aux pseudo-réformateurs du CAPES de créole :

 

   1. Le fait que le Ministère ait en 2000 attribué 8 postes au CAPES de créole pour descendre à 4 en 2003 n’est absolument pas lié aux problèmes que certains d’entre nous ont soulevés quant à la composition du jury du concours et à sa manière de fonctionner. Il s’agit d’une mesure budgétaire qui a frappé tous les CAPES de France et de Navarre, en particuliers ceux de langues régionales comme le basque, le breton ou l’occitan. Il suffit de consulter les archives du B.0. sur le site du Ministère de l’Education Nationale pour en avoir la preuve. Le CAPES d’occitan a même subi une cure d’amaigrissement beaucoup plus drastique que celui de créole ! Nos « réformateurs » tentent donc sciemment de duper l’opinion publique.

 

   2. Le GEREC –F est le seul groupe de créolistes qui s’est donné la peine de préparer des guides pour aider les candidats à la préparation du CAPES de créole : il a, en effet, publié pas moins de 11 « Guides du CAPES de créole » aux éditions Ibis Rouge (entre 2000 et 2005), guides allant de « La graphie créole » à « La lexicologie créole » en passant par « La Version créole ». On serait bien en peine de trouver un seul ouvrage émanant des « réformateurs » d’aujourd’hui, chose somme toute logique puisque étant, au départ, hostiles à la création du CAPES de créole, on comprend qu’ils n’aient disposés d’aucun texte prêt à être publié lors de la création du concours en 2000. Ce qui est moins compréhensible, c’est que 6 ans après, ils n’aient toujours rien mis sur le marché.

 

  3. Il convient ici de rappeler qu’il n’y aurait jamais eu de C.A.P.E.S de créole si le GEREC-F ne s’était pas battu pour obtenir la création d’une Licence de créole à l’Université des Antilles-Guyane. Et l’opinion publique doit savoir que parmi les « réformateurs » d’aujourd’hui, beaucoup étaient hostiles à la création de cette licence, soit qu’ils la jugeaient prématurée, soit qu’ils voulaient faire des études créoles un simple appendice de la Licence de Lettres Modernes. Tant et si bien que la Licence de créole de l’UAG, qui a maintenant 11 ans d’existence, a précédé celle de l’Université de la Réunion de…5 ans. Mieux : à l’UAG, on peut pousser jusqu’au Master et au doctorat de LCR, ce qui ne semble pas être encore le cas dans l’Océan Indien.

 

   4. Le C.A.P.E.S de créole n’a jamais été, dans notre esprit, une répartition égalitaire de sucettes entre les 4 DOM, autrement dit 1 lauréat pour la Guadeloupe, 1 pour la Guyane, 1 pour la Réunion et 1 pour la Martinique. Ce serait là un CA.P.E.S-banania. Pour nous, une seule devise : que les meilleurs gagnent quel que soit leur pays d’origine ! Si telle année, les 4 meilleurs candidats sont, par exemple, des Réunionnais, cela ne nous dérange absolument pas. A condition bien sûr que les règles minimales d’équité soient respectées entre tous les candidats, ce qui fut rarement le cas. Un seul exemple : en 2003, les candidats martiniquais n’obtinrent le rapport du jury du CAPES que la veille des épreuves écrites alors que ledit rapport étaient entre les mains de certains candidats réunionnais et guadeloupéens depuis…3 mois. Or, ce rapport qui analyse les travaux des candidats de l’année précédente et émet des recommandations aux futurs candidats est un outil indispensable à une préparation ciblée du concours.

 

   5. Il est également faux d’affirmer, comme l’ont fait les « réformateurs », que les certifiés de créole ne possèdent qu’un DEUG dans la valence qu’ils ont choisi. Au contraire, la majorité d’entre eux est titulaire d’une licence, d’une Maîtrise, voire même d’un DEA, dans ladite valence. D’ailleurs, on ne comprendrait pas comment ils auraient pu réussir aux épreuves de valence puisque ces dernières sont exactement les mêmes que celles des CAPES d’anglais, d’espagnol, de Lettres modernes etc… En clair, la dissertation de littérature au CAPES de créole-valence anglais, par exemple, est exactement la même que celle du CAPES d’anglais.

 

   6. Il est facile de faire de la surenchère et de réclamer comme les pseudo-réformateurs que le créole devienne une matière obligatoire. Cela ne les engage à rien, sauf à se poser en grands défenseurs du créole. Cela ne mange pas de pain comme on dit. Pour notre part, nous sommes partisans de la politique des petits pas : faire passer le créole du statut de matière facultative qui est le sien actuellement à celui de LV3 (langue vivante 3) ; puis, ceci obtenu, le faire passer de LV3 à LV2 (langue vivante 2) ; et seulement à ce moment-là, envisager qu’il devienne une matière obligatoire. Cela ne peut pas se faire avec des rodomontades et des critiques stériles, mais grâce à un patient travail auprès de l’administration scolaire d’une part et des parents d’élèves de l’autre. Il est pour le moins amusant de constater que ces « réformateurs » qui ne jurent que par les parents d’élèves et le respect de l’opinion de ceux-ci soient prêt à réclamer que le créole devienne immédiatement obligatoire. Pourtant, ils savent bien qu’une telle mesure ne peut que provoquer une levée de boucliers !

 

   Il était important pour nous de démonter quelques une des contrevérités émises ces derniers temps par des gens qui s’autoproclament créolistes mais dont on serait bien en peine de trouver la moindre publication conséquente sur le sujet qui nous occupe. Il faut que l’opinion publique sache que l’APLCR ne changera pas de cap, celui qu’il a toujours affiché dès le départ, à savoir le maintien du C.A.P.E.S de créole tel qu’il a été conçu et pensé par ceux qui bien avant sa création en l’an 2000, se sont battus pour qu’il voit le jour."     

                                                            

A.P.L.C.R. (Association des professeurs de langues et cultures régionales)