Bondamanjak

Déclaration de Serge Letchimy

C’est ainsi, et seulement ainsi , que l’on pourra prétendre, ensemble, je le dis haut et fort, ensemble, sortir ce pays de sa situation de mal-développement, et répondre de manière cohérente aux besoins vitaux de la population, sans sectarisme, sans stigmatisation de quiconque, et surtout sans haine.

On ne peut construire ce pays en édifiant des clans, des murs, des mises en accusations Nous devons, et nous pouvons, fonder de nouvelles espérances sur la base d’un projet de société responsable, d’inspiration et d’institution communes.

Ce n’est donc pas la victoire du PPM, ni celle du MAP. C’est la victoire de la lucidité d’un peuple. C’est la victoire d’une sagesse, la sagesse du peuple martiniquais.

Ce NON n’est pas un refus de la dignité et de la responsabilité. C’est le refus d’un simple numéro d’article dans une Constitution obsolète. C’est le rejet d’une conception des libertés locales qui, en ce 21eme siècle, et à l’heure de la mondialisation, est tout simplement inacceptable. C’est la mise en accusation d’une conception jacobine bien française, qui ne répond pas à la double ambition du peuple martiniquais d’appartenir à une République aux valeurs admirables tout en exprimant son génie singulier et sa claire  différence.

C’est, enfin, un  appel à reconnaître la personnalité collective de ce peuple, dans une approche républicaine modernisée, où la pleine égalité des droits ne sera pas incompatible avec le droit à l’initiative locale, le droit à la différence, le droit au rayonnement endogène.

Le temps d’un nouveau commencement est arrivé. Ce pays aura besoin de tous ses enfants, quelque soit leur couleur de peau, leur origine, leur rang social… Il aura besoin de tous ses acteurs économiques, sociaux, culturels et intellectuels…   C’est l’heure du mieux être ensemble pour mieux construire ensemble les bases et les fondements d’une société martiniquaise pleinement responsable, dans une France mieux ouverte aux pluralités identitaires et culturelles dont l’histoire l’a enrichie.

Puisque le numéro 74 a été rejeté, nous devons poursuivre la bataille pour le changement.

Je vous invite, tous, y compris ceux qui on milité et voté pour le OUI, à faire front pour éviter tout statut quo, tout conservatisme suicidaire, et tout assimilationnisme réducteur.

Dans 15 jours, le 24 janvier, nous serons de nouveau consultés, non pas seulement sur l’article 73, mais sur le choix d’une collectivité unique dans le cadre de cet article. Pour certains, c’est une fin en soi. Pour  nous, c’est la première étape d’un processus : celui de la troisième voie.

C’est le moment d’amorcer une transition qui nous permettra, dans la transparence, dans le travail, dans l’expérimentation, d’aller vers des choix partagés, cohérents, et négociés en vue d’un espace de responsabilité conforme aux attentes du peuple martiniquais.

Le 24 janvier, nous vous invitons à dire OUI !

OUI à une responsabilité qui ne renonce pas aux acquis de nos luttes ancestrales !

Aux martiniquaises et aux martiniquais, je dis  que c’est sans complexe, et avec la détermination la plus sereine, que vous devez aborder l’Avenir. Il ne s’agit plus d’attendre une quelconque solution qui nous viendrait d’ailleurs : Il s’agit maintenant de mettre en œuvre une autonomie de pensée, une  autonomie de conception, une autonomie de vouloir, et surtout une autonomie de résolution pour changer ce qu’il y a  à changer, et dans cette Constitution, et dans notre vision de nous-mêmes, et dans notre vision du Monde !

Aux élus martiniquais, je dis que la confrontation d’idées est essentielle. Que l’ajustement de nos différences est fondamental. Que les attaques à l’intégrité des personnes, sont le creuset des grandes dérives autoritaires. Je plaide pour l’humilité, pour le respect mutuel, pour le droit à la liberté d’expression, et pour la tolérance.

Aux services de l’Etat, je dis que tous les Etats-généraux du monde, tous les paternalismes, toutes les réparations, tous les bienveillances mémorielles, ne pourront compenser ce qu’il y a de plus précieux pour nous martiniquais, à savoir : la reconnaissance de ce que nous sommes en vue d’une démarche décisive vers un total épanouissement !.. Mais c’est d’abord à nous, Martiniquais, hors de toute haine, hors de toutes arrière-pensées, mais aussi loin de tout complexe d’infériorité, que nous pourrons, de manière sérieuse et responsable, opérer les choix qui inaugurent de vraies ambitions pour notre pays. C’est ainsi, et  seulement ainsi, que nous pourrons exiger, et obtenir !, la nécessaire modernisation des institutions et de la Constitution de cette République !

 

Vive la Martinique qui avance !

Vive la Martinique responsable !