Bondamanjak

Décomposition, recomposition, composition,

Le Congrès du PPM a consommé la fracture du Parti. Elle laisse Serge Letchimy presque seul maître à bord, car Camille Darsières bien que minoritaire, tient encore le journal du parti et a quelques partisans. Au PS local, on a assisté à l'élection d'une illustre inconnue comme Secrétaire Général. Les ténors, le député Louis-Joseph Manscour, les Conseillers Généraux Frédérique Buval et Georges Cléon, le maire Occolier restent en coulisses, se gardant en réserve. Bâtir le Pays Martinique s'est doté d'un Conseil Politique et Louis Boutrin a été désigné comme Porte-parole du Parti. Claude Lise va créer son parti. Il a pris langue avec tout le monde. Dans quelques semaines on saura qui, outre ses partisans de la première heure, a pu se laisser convaincre. L'ex-conseiller général Georges Erichot, au nom du moribond Parti Communiste, bat la campagne et ne désespère pas d'une alliance bénéfique pour le PC. Enfin, Maurice Antiste, leader du Mouvement Populaire Franciscain, se voit un destin national. Les grandes manoeuvres politiques ont débuté. Grand classique de la démarche politique, l'appel au rassemblement, à l'unité. Ces dernières années et surtout depuis le 7 décembre 2003, chaque leader, à tour de rôle, comme pour en prendre le contrôle, a lancé son appel à l'unité de la Gauche en Martinique. Non sans arrière pensée. Pierre Samot, entouré de Josette Manin et de Louis Boutrin, l'a fait savoir à Serge Letchimy en refusant de le rencontrer. Il faut attendre de voir comment réagiront les autres partis destinataires de la lettre du Président du PPM. Néanmoins, on peut, sans jouer les augures, estimer que son appel est voué à l'échec. Il intervient au moment même où au sein de son parti se révèle une fracture. Les partis approchés auront beau jeu de dire « Commencez par faire le rassemblement au sein de votre parti, monsieur le Président ». Pourtant la Gauche émiettée en de multiples chapelles doit se rencontrer pour se redonner une dimension et un espoir de victoire face à la vague du Mouvement Indépendantiste Martiniquais et de son allié, le Conseil National des Comités Populaires. Une vague pour beaucoup, liée à la personnalité de son leader dont le charisme continue d'entretenir l'illusion. Car après tout, hormis le Conseiller Général Jean-Philippe Nilor à Ste Luce, et dans une moindre mesure, Lucien Adenet, élu dans la seule commune, Rivière-Pilote, dirigée par le MIM, quel membre du MIM a jamais pu se faire élire à ce jour sur son nom ? De son coté, la Droite espère, en tout cas annonce, qu'elle tirera profit de l'action du Gouvernement pour redorer son blason. Elle est en reconquête et les prochaines échéances électorales aiguisent les appétits des uns et des autres. Osons Oser a explosé. Le bouillant Conseiller Général et opposant au maire de St Joseph, Yann Montplaisir pose ses jalons. Il représente pour beaucoup, le champion de la Droite moderniste, sans complexe, ayant intégré le discours identitaire, ouverte sur le monde. Les équilibres sont rompus, et des questions se posent. Claude Lise va-t-il réellement créer son propre parti politique ? Pierre Samot, président d'un Bâtir le Pays Martinique qui essaye de sortir du Lamentin, va-t-il tenter de se faire ré-élire à l'Assemblée Nationale ? Le MIM, sans le septuagénaire Alfred Marie-Jeanne, puissamment « enkayé » au sein de sa Région Française, a-t-il un avenir politique ? Serge Letchimy, l'héritier de Césaire, se multiplie, se montre. Va-t-il sortir Claude Lise du décor et réussir à se poser comme rassembleur de la Gauche classique ? Y-a-t-il une place de major pour Maurice Antiste, l'ambitieux maire Conseiller Général du François ? Le Carême a commencé. Période de jeune, d'abstinence, de prière et de mortification pour les plus zélés. On peut penser que pour Pâques les choses seront plus claires et les positions un peu plus lisibles.