Bondamanjak

EDF GUYANE, ATTENTION TENSION

Les agents affluent et remplissent le bureau et le couloir avoisinant, en attendant que l’intrus se décide à s’en aller.
7h45 : le directeur adjoint, M. HARTMANN arrive avec un cadre de Cayenne, et s’installent dans le bureau où tout le monde est présent. Il est rejoint peu après par une cadre de la section juridique et l’huissier de service, véhiculé par les soins d’EDF. Tous constatent la présence de nombreux agents qui occupent le bureau et le couloir, attendant que le chef de centrale qui les a diffamé quitte les lieux. Il est près de 8h30.

M. HARTMANN, connu pour son arrogance et son côté provocateur commence alors son numéro. Il a pris le soin de faire appeler 2 autres cadres de la centrale. Alors qu’il était assis, il se lève pour récupérer un objet sur le bureau du cadre de maintenance. Les agents décident alors de faire sortir la chaise de la pièce pour qu’il reste debout, comme tout le monde. Fidèle à son arrogance, il revient et essaye d’arracher la chaise des mains des agents, tout en tentant de se rasseoir mais se rend vite compte que ce n’est pas possible. C’est alors qu’il se jette volontairement en avant en prenant soin de se protéger avec ses bras pour amortir sa chute. Tous les agents viennent d’assister à la comédie jouée par le directeur adjoint d’EDF Guyane. Pas un de ses cadres ainsi que l’huissier n’a bougé et ne se rend à son chevet, tant la scène est grossière.
Yé tout mélé, yé pa savé sa pou fè. A terre sur le ventre, il se rend compte que personne n’est dupe, il se met alors à se frotter les yeux pour les rendre rouges, et à frotter sa joue contre les carreaux d’un mouvement de tête pour y laisser des marques. Des agents suggèrent alors que les cadres, qui n’ont toujours pas bougé tant ils sont emmerdés par ce qu’ils ont vu, appellent les pompiers pour mettre fin à la mascarade. Le directeur-acteur restera plus de 10 minutes au sol avant que les pompiers ne viennent et l’évacuent. Il se mordra même la main au moment de son évacuation, au point que les pompiers vont lui demander d’arrêter de le faire, se rendant eux-mêmes compte du simulacre auquel ils assistent.

Voici donc les faits. On est bien loin d’une agression, d’un molestage, d’une violence, d’un corps gisant inanimé ou autre connerie de ce genre. D’ailleurs, le directeur ressortait le jour même de l’hôpital sans avoir été gardé en observation (alors qu’il aurait été inanimé) et avec une I.T.T. (interruption temporaire de travail) de 3 jours. Moins de 2 jours après, il avait retrouvé l’énergie pour déposer plainte. Tout ce scénario, avec la complicité d’un huissier dépêché exprès pour rendre le coup plus plausible. On a affaire, comme pour l’histoire du gasoil du 5 mars, à un coup monté, destiné à discréditer le personnel d’EDF. Car la direction n’a jamais digéré la grève de décembre dernier. Sa gro zo-a rété an yé gorj.

Elle vient aussi, 3 jours plus tôt, de prendre une claque quand les élus de Guyane, réunis en Congrès sur l’avenir énergétique, ont voté plusieurs résolutions qui vont dans le sens de nos revendications :
–  Révision de la PPI (Programmation Pluriannuelle des Investissements) dès 2007 qui devra prendre en compte les besoins réels en matière de moyens de production, y compris sur les communes de l’intérieur : cela ne s’est jamais fait avant ;
–  L’installation d’une centrale thermique de 90MW, au lieu de 70MW. Installation d’une centrale sur St Laurent ;
–  La nécessité de l’établissement d’une concession de distribution d’énergie électrique traitant l’ensemble du territoire guyanais sans différenciation, afin d’assurer à chaque citoyen guyanais l’égalité d’accès à l’électricité ;
–  Le doublement de la ligne 90kV vers St Laurent, l’interconnexion de la commune d’Apatou au réseau à partir de St Laurent, la construction d’une ligne 90kV raccordée au réseau actuel et desservant l’Est du pays, l’interconnexion entre Maripasoula et Papaïchton ;

Ces décisions très importantes ont mis en lumière tous les problèmes inhérents au système électrique, mettant en évidence par là même, les carences des politiques d’EDF. C’est donc bien d’une victoire historique dont il s’agit pour le personnel, après celle acquise en mars 90 pour l’installation des Turbines à Combustion à DDC et Kourou, celle de 1996 pour l’installation d’un poste source à Organabo. Le directeur lui-même avait, dans une menace à peine voilée sur les ondes de RFO, mis en garde les élus guyanais sur la tenue du Congrès…avant de sortir un communiqué démagogique 2 jours plus tard qui se « félicitait de la tenue du Congrès ». Le vendredi soir après le Congrès, il effectuait un voyage éclair à Paris pour rendre compte de la situation et prendre les instructions auprès de ses supérieurs avant de revenir le dimanche sur Cayenne…et le coup de son adjoint « agressé » avait lieu le mardi suivant…

Chacun doit bien mesurer que les enjeux sont énormes pour EDF : les revendications que nous avons posé en décembre vont dans le sens des intérêts de la Guyane et des guyanais, mais sont à l’encontre de la politique menée par EDF, et se chiffrent en millions d’euros qu’elle devra débourser pour mettre le système électrique guyanais à niveau et fournir convenablement les abonnés. Construire de nouvelles lignes, investir dans des moyens de production plus puissants, mettre à niveau les communes de l’intérieur, derrière toutes ces revendications s’ouvrent aussi la nécessité d’augmenter les équipes (donc embaucher des guyanais) pour répondre à tous ces besoins. Or, tout ceci a lieu sur fond de plan social puisque le 15 mars EDF annonçait la réduction de 30% du personnel de la centrale de DDC et le non remplacement des départs à la retraite dans les agences clientèle.

Pour mener à bien sa politique scélérate, la direction se heurte donc à un mur : le personnel uni et fédéré derrière une organisation syndicale comme l’UTG. Il faut donc diviser, discréditer et casser coûte que coûte : en somme EDF doit prendre sa revanche, tout faire pour empêcher que nos revendications n’aboutissent. Cela se traduit aujourd’hui par la menace de licenciement de 5 camarades. La répression sévit aussi en Martinique, où le secrétaire général adjoint de la CGTM est inquiété. Face à cette attaque frontale, aux manipulations et mensonges de la direction, maintenant démasquée par le personnel, nous saurons réagir comme il se doit, car nous n’accepterons pas que des collègues paient les pots cassés d’un complot grossier.

Ki yé lé, ki yé pa lé, yé ké respekté nou.

2 avril 2007