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Etats-Unis: un réseau fait libérer des innocents grâce à l’ADN

"Imaginez, on a le même âge à un mois près… Et lui vient de passer vingt-deux ans en prison par erreur… " Greg Hampikian, 45 ans, en est encore bouleversé. Le 23 janvier, Willie Williams, condamné à 45 ans de prison pour un viol et kidnapping commis en 1985 était libéré, grâce au travail de l’équipe du Innocence Project de Georgie.

"En regardant une diapo des pièces à conviction, je me suis dit qu’il devait y rester des empreintes génétiques", raconte Greg, docteur en biologie. Une étudiante, convaincue de l’innocence de Williams, va elle-même au laboratoire fouiller dans les échantillons à la recherche des pièces de l’époque. Les résultats de l’analyse ADN innocentent le détenu. Greg Hampikian se souvient encore des cinq heures de route jusqu’à la prison pour annoncer la nouvelle à Williams. Cinq jours plus tard, il chantait l’"Amazing Grace" en sortant de prison.

A travers les Etats-Unis, 215 détenus ont, comme lui, été libérés grâce à des analyses ADN, presque toujours réclamées par des avocats de l’Innocence Project, un groupe d’avocats, professeurs de droits, experts et étudiants, pour la plupart bénévoles. Ensemble, ces hommes exonérés ont purgé plus de 2 500 années de prison, certains d’entre eux ont même été condamnés à mort.

Greg Hampikian en visite à Rue89 (Guillemette Faure/Rue89).Greg Hampikian est arrivé dans cet univers un peu par hasard. "J’étais spécialiste de la génétique des mouches", rigole t-il. C’est après avoir entendu une conférence de Calvin Johnson, un homme qui a passé seize ans de prison avant d'être disculpé par des analyses ADN, qu’il a proposé ses services aux deux avocats à l’origine du projet. Aujourd’hui, il y consacre l’essentiel de son temps, dirige l’antenne d’Idaho, conduit gratuitement des analyses ADN pour des cas de tout le pays.

"Je crois comprendre que l’analyse ADN a actuellement mauvaise réputation en France, mais pour moi, l’ADN, c’est l’ami des innocents…", dit-il. D'après les informations de l’Innocence Project, aux Etats-Unis, on ne dispose de prélèvements permettant des tests ADN que dans 10% des crimes commis. Le groupe bataille pour que la police collecte et garde du matériel analysable le plus souvent possible.

De passage à Paris, il est allé visiter le laboratoire d’analyse ADN fraîchement monté de la gendarmerie nationale française et aimerait monter un Innocence Project en France. "Les gens ici ont l’air surpris, mais c’est comme partout, il doit aussi y avoir des innocents en prison…" .

 

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