Bondamanjak

FERRY RESTE D’ACTUALITE

Les débats sur le bon équilibre à trouver entre la rigueur budgétaire et la croissance économique portent la trace de cette difficulté.

Pour certains dirigeants, la volonté de continuer à faire rêver leur peuple reste évidente. On insiste alors sur l’urgence de distribuer du pouvoir d’achat, et de ne remettre en cause qu’à la marge les situations acquises.
On souligne aussi les inégalités de revenus, sachant que la passion de l’égalité est toujours un puissant moteur.
On laisse croire que, malgré l’émergence des nations prolétaires, on vivra mieux en ponctionnant les riches qu’en faisant les efforts nécessaires pour enrichir les humbles.

Pour d’autres dirigeants, en se spécialisant dans des activités dites de « haut de gamme », et en parvenant à une organisation ultra efficace de toute la société, le succès est garanti, du fait de l’avance accumulée depuis des siècles par les ex-grandes puissances.

La vérité est, probablement, non pas entre les deux, mais ailleurs.
Il faut certes, absolument, opérer des réformes techniques , comme la stabilité des taux de change ou un meilleur contrôle des banques.
Il faut bien sur éradiquer certaines inégalités.

Mais il faut aussi s’interroger sur les objectifs fondamentaux de l’activité économique, pays par pays.
L’eficacité économique est-elle une fin en soi, ou un moyen?
Poser la question, c’est déjà y répondre. L’alternative est bien connue: est-ce que je vis pour travailler, ou est-ce que je travaille pour vivre?
Est-il normal que le temps passé à se cultiver, à élever ses enfants, à améliorer sa santé, soit systématiquement un TEMPS RESIDUEL?
Est-il humain de contraindre des milliers de Martiniquais qui n’ont en rien démérité pendant toute leur vie à vivre avec 400 euros de retraite par mois?

Vouloir être compétitifs face à des Chinois qui travaillent 55 heures par semaine pour un salaire de 100 Euros par mois, ou face aux 200 millions d’intouchables indiens qui vivent encore dans des conditions pires que l’esclavage, c’est peine perdue. Surtout quand on sait que ces pays commencent à former des ingénieurs par millions.

Ne faut-il pas changer de logiciel, dans l’intérêt de tous?

Or, vous l’avez remarqué, ce débat , qui conditionne les réponses à apporter au surendettement et à la croissance, est resté totalement absent de la campagne présidentielle.
Il reste également absent aux législatives.
Il n’est pas abordé dans les coûteuses rencontres au sommet.

Les crises ont ceci de bon qu’elles peuvent conduire à des examens de conscience et à des sursauts salvateurs.

Sans doute celle dans laquelle nous sommes n’est-elle pas encore perçue comme suffisamment grave pour susciter les sursauts nécessaires.

Jules Ferry est mort depuis 1893. Que son âme repose en paix.

Mais nous savons, grâce à lui, rendons-lui cet hommage, que c’est dès l’école que sont formatés les esprits qui sauront, ou ne sauront pas, sur le long terme, relever les défis de leur temps.