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Haïti : Martelly « éleksyon tèt dwat »

La situation empire chaque jour un peu plus à Port-au-Prince et dans le reste du pays. Mme Mirlande Manigat (du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes d’Haïti – R.D.N.P. Kay Pèp La), candidate contre Martelly aux dernières élections, dans une intervention posée et pleine de bon sens a appelé à la réunion des forces vives du pays pour la mise en place d’un gouvernement de transition. Elle propose une durée de deux ans pour gérer l’urgence et mettre en place de véritables élections démocratiques. Elle s’est attachée à préciser que ses propositions devraient être débattues et souligné que les personnes de la société civile qui éventuellement feraient partie de ce gouvernement de transition ne pourraient pas prendre part au scrutin suivant.

On se souvient que Jude Célestin, le candidat de l’opposition, avait déclaré, dans une adresse à la Nation « Ils seront seuls dans leur mascarade. Participer au second tour de l’élection présidentielle organisée par ce CEP-là, et ordonné par cet exécutif-là, sous l’obédience de ces amis-là serait une faute grave… ». Cette déclaration est venue briser l’espoir qu’avait le pouvoir Tet Kalé d’installer un président de son bord dans un simulacre de démocratie.

Dans le même temps, « la table de mobilisation de l’opposition démocratique du Groupe des huit candidats à la présidence, le G8 » est déterminée à bloquer l’organisation du second tour. Les principales organisations de l’opposition (Pitit Désalin, MOPOD, Fanmi Lavalas, …) ont poursuivi la mobilisation et appelé à ne pas aller voter dimanche. Dans la rue, également depuis lundi des manifestants font valoir leur refus de ce qu’ils appellent un coup d’Etat électoral qui verrait la désignation par un semblant d’élection d’un président issu de la majorité Tet Kalé.

En réponse à Jude Celestin, le Président Martelly a annoncé que les élections se tiendraient coûte que coûte le 24 janvier et que de toute façon il partirait le 7 février comme il l’avait annoncé à sa prise de fonction il y a 5 ans. A la question d’une journaliste de savoir ce qu’il ferait s’il n’y avait pas de président élu à cette date, il a répondu par une pirouette :  « Si pa gen prezidan eli m a ba w pòs la » (s’il n’y a pas de président élu, je te donnerai le poste).