Bondamanjak

IMMIGRATION, LA CELLULE DE WEIL

pourquoi avez-vous démissionné de la CNHI?
 Il s’agit pour moi d’un acte éthique. On ne peut pas accepter la
création d’un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de
l’Identité nationale et du co-développement et faire comme s’il ne se
passait rien. Vu notre métier, vu les manipulations politiques qui
existent contre l’immigration et vu le développement du nationalisme
xénophobe, c’est notre travail qui est en jeu même si la CNHI elle-même
n’est pas entachée par la création de ce ministère.

Nous participerons à titre privé aux activités de la CNHI, aux conférences, mais nous ne siégerons plus dans les instances publiques afin de garder notre indépendance et notre sens critique.

En quoi la création de ce ministère peut-elle peser sur le fonctionnement de la CNHI?

 La CNHI a un sens: elle vise à permettre à tous les Français, à tous les jeunes, de comprendre l’apport et la part des étrangers depuis deux siècles dans le développement de la société française. L’idée est de combattre les préjugés et toutes les images falsifiées. Or associer
«identité nationale» et «immigration», ce qui est unique dans un pays démocratique, signifie que la France et les Français ont un problème avec la question même de l’immigration.
 Mon rôle est d’expliquer que cette confusion est une régression historique. Il ne faut pas schématiser et faire de l’immigration un «problème». Selon moi, il n’y a pas de raisons d’associer la naturalisation au contrôle des frontières dans un même ministère, de regrouper des domaines distincts. On sent d’ailleurs dans la politique menée un ciblage vers certaines origines par rapport à d’autres. On veut empêcher certaines nationalités d’entrer en France, restreindre
certains visas.

Pourquoi pensez-vous que ce ministère ne va pas fonctionner?
 Parce que les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de
l’Emploi vont se contenter de se décharger des tâches peu nobles en
matière d’immigration sur ce nouveau ministère. Il n’est pas cohérent
historiquement d’associer le droit d’asile au regroupement familial. Ce
nouveau ministère risque d’être débordé et de ne pouvoir remplir ces
fonctions.