Bondamanjak

Intervention d’Alfred Marie-Jeanne au Congrès

    Nous avons également retenu que la définition des textes et des règlements ne devait plus dépendre du seul ressort de l’Etat. C’était le point relatif au régime législatif.

    C’est sur ces bases concrètes, que les membres de la Commission chargée de réfléchir à l’identification des compétences, ont participé à cet exercice, quel que soit par ailleurs, leur positionnement idéologique.
    
    Il n’est donc point concevable de se déjuger, en remettant en cause ce qui a été majoritairement admis.

    De plus, notre pays a été secoué par une crise sociale qui a remis en lumière de nombreux dysfonctionnements, au point que le Président de la République lui-même, envisage la fin du système actuel.

    Cette deuxième partie du Congrès arrive donc à propos pour discuter d’une nouvelle architecture politique, considérée désormais par tous, comme incontournable.
    De manière très claire, les Martiniquais réclament que les solutions apportées aux questions de l’éducation, du logement, du foncier, de la santé, de la culture … bref, tout ce qui constitue leur quotidien, soient en phase avec leurs préoccupations.

    La réflexion sur ces questions fondamentales doit légitimement s’inscrire dans le cadre du processus de l’Evolution institutionnelle engagée.
    Il est en effet temps, que ces politiques ne soient plus arrêtées par le seul pouvoir central, et plaquées de manière systématique, sans tenir compte de nos réalités.
    C’est pourquoi l’Evolution vers l’article 74 nous met en Responsabilité de gérer nos propres affaires dans des domaines spécifiques définis par nous-mêmes.
    Et je cite cet article qui précise que « Les Collectivités d’Outre-Mer régies par le présent article ont un statut qui tient compte des intérêts  propres de chacune d’elle au sein de la République »
    N’est-ce pas là, la garantie constitutionnelle souhaitée ?

    Forts de tout cela, notre réflexion ne doit pas se limiter à une simple agrégation des compétences des deux Collectivités actuelles. Elle doit s’élargir à la définition d’instruments indispensables au service de notre projet défini dans le cadre du Schéma Martiniquais de Développement et de l’Agenda 21.

    Rappelons que pour remettre l’Homme et la Femme au cœur du développement, il nous faut avoir la main sur les outils phares que constituent la politique de l’éducation, la politique de l’emploi, la politique culturelle et sportive.

    De même, pour valoriser notre potentiel naturel, nous devons avoir Autorité sur les questions relatives au droit domanial et foncier, au droit minier, à la gestion du sol et du sous-sol martiniquais, à l’exploitation du domaine maritime et à la maîtrise de la Zone Economique Exclusive.
 
    De même encore, pour mieux aménager durablement notre Territoire, réclamons le droit de mettre en œuvre une politique de transport, une politique énergétique, une politique environnementale en lien direct avec nos atouts.

    Toutes ces compétences devant être mises en œuvre de manière cohérente et régulée par une Assemblée Unique.

    Le caractère démocratique du processus de l’Evolution Institutionnelle que nous avons lancé est incontestable. Ce processus est constitué de plusieurs maillons. Jugez-en vous-mêmes.
Premier maillon, la Commission Spécifique, qui a élaboré le texte aujourd’hui en discussion, est représentative de l’échiquier politique martiniquais.
Deuxième maillon, ce Congrès qui décidera, je le sais, de mettre la Martinique sur le chemin de l’Autonomie, est constitué d’élus possédant tous la légitimité populaire.
Troisième maillon, et non le moindre, le Peuple Martiniquais, qui décidera, en dernier ressort, de confirmer la démarche entamée.
Le Congrès propose, le Peuple dispose.

    Aussi, je voudrais d’ores et déjà le mettre en garde sur les peurs abusivement entretenues. Pa kité pèsonn mété piès zagriyen an tèt zot

     Ne contentons-nous pas d’une simple réformette.

    Le Gouvernement lui-même, prenant conscience de la gravité de la situation, a consenti à ouvrir une période de consultations que nous devons mettre à profit. Plaçons nous donc en posture de force de proposition, plutôt qu’en situation d’apoda, ou encore en  position d’esquive et d’abandon.

    Chers collègues, mesdames et messieurs, après plus de cinquante ans, de rendez-vous différés en  rendez-vous différés, l’heure de nous-mêmes ne sonnera-t-il donc  jamais ?