Bondamanjak

Jean-Marc Kromwel et Serge Letchimy ne vivent pas au même moment en Martinique…pire… ils ne risquent pas de partir en vacances ensemble

LA MARTINIQUE EST REDEVENUE UN TERRITOIRE SOUS-DÉVELOPPÉ

(Cet article a été récupéré sur la page Linkedin du journaliste Jean-Marc Kromwel.


La Martinique, comme la Guadeloupe, l’archipel voisin, a récemment été confrontée à des réalités de pays sous-développés : coupures d’eau récurrentes voire permanentes (bon courage Gwada !), pannes d’électricité intempestives, défaillances des réseaux de téléphonie mobile et de connexion internet, grèves – chroniques – dans les transports publics de passagers, rayons des super/hypermarchés peu fournis voire vides pour les produits frais (viandes, poissons, produits laitiers…), axes routiers secondaires pas entretenus, rupture de stock sur des médicaments…
Cette mauvaise conjoncture s’est installée alors que nombre de nos collectivités locales vivent de graves difficultés financières, à commencer par l’institution majeure, la Collectivité territoriale de Martinique (CTM).

UN TAUX DE PAUVRETÉ RÉEL DE 40%
Cette conjonction, digne d’une crise économique et sociale forte, nous l’avions vécue lors des mobilisations et des émeutes de février 2009 contre la vie chère (déjà !), de novembre 2021 (contre la vaccination obligatoire) et d’octobre – novembre 2024, contre la cherté des prix. C’était une situation ponctuelle générée par les grèves et le blocage temporaire des grandes infrastructures (aérogare de fret, grand port de commerce). Mais voilà : depuis un an, cette conjonction s’est installée. Comme une réalité permanente.
Ce phénomène révèle une crise durable. une crise qui va s’étendre. Avec comme victimes les foyers modestes. En octobre 2023, l’INSEE diffusait le chiffre alarmant de 44 300 ménages en situation de pauvreté en Martinique. 27% des adultes et 32% des enfants (voir illustration). La réalité est plus grave : elle concerne 35 à 40% des adultes et 45% des enfants martiniquais.

RETOUR AU NIVEAU ÉCONOMIQUE ET SOCIAL DE 1975
Nous vivons clairement un retour en arrière de 50 ans. Dans les années 1975- 80, nos territoires étaient considérés en « retard structurel de développement ». Les divers dispositifs gouvernementaux et, surtout, les programmes structurels européens avaient créé l’illusion de territoires antillo-guyanais « en voie de développement ».

PAUVRES DE NOUS
Le constat est amer. Mais réel ! La Martinique et la Guadeloupe, auxquelles j’ajoute la Guyane, n’ont jamais refait leur retard structurel. Pire, les mesures de rattrapage et de modernisation n’ont presque servi à rien.
Nous avons l’illusion de vivre dans des sociétés modernes. Mais seuls nos produits de consommation sont modernes : voitures, ordinateurs, téléphones mobiles, électro-ménager, avions et paquebots pour ceux qui peuvent voyager.
Nous serons bientôt une majorité de pauvres auxquels les décideurs politiques antillais, français, européens, « onusiens » et « unesciens » vont de nouveau proposer des mesures de rattrapage ou des programmes de soutien. Ces dispositifs serviront à nouveau à recréer l’illusion.
Ça s’appelle « l’éternel recommencement ». Le cycle de notre vie en somme.
Pauvres de nous…

Jean-Marc Kromwel