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Kassav? Grand Prix des musiques du monde et traditionnelles

Kassav’, le groupe de zouk par excellence, inventeur du genre, est devenu une légende vivante. Toutes les influences musicales caribéennes s’y croisent et se mêlent au funk et au rock pour donner un cocktail détonnant et dansant. De quoi faire bouger la planète entière.
L’histoire de Kassav’ (la kassave est à l’origine une galette de manioc mélangée à de la noix de coco) commence en 1979 quand Pierre-Edouard Décimus décide, avec Freddy Marshall, de moderniser la musique qu’ils ont toujours jouée. Pour cela, ils recrutent Jacob Desvarieux et Georges Décimus, ainsi que d’autres musiciens de studio. Cette première mouture du combo rentre en studio et produit ainsi le premier album de Kassav’ «Love and ka dance». Un nouveau
genre musical est né: le zouk. «Lagué mwen» sort aussi en 1980. Pour la première fois, on peut entendre Jocelyne Béroard dans les chœurs. Sur sa lancée, Kassav’ sort un troisième album en 1981 et accueille Jean-Philippe Marthély au chant ainsi que Jean-Claude Naimro aux claviers.
A l’été, ce sont les débuts scéniques du groupe à travers les Antilles.
En 1982, après un quatrième album éponyme, le groupe se met entre parenthèses et permet à chacun de ses chanteurs de sortir son album solo.
Ralph Thamar vient apporter sa contribution au cinquième album du groupe qui arrive dans les bacs
en 83, avec le titre «My doudou». Georges Décimus concocte un nouvel album solo, à l’instar de Jacob Desvarieux et Jean-Philippe Marthély. Cela ne les empêche pas de travailler pour le collectif car en fin d’année sort «Passeport». Suit d’ailleurs en 84 le septième album de la formation intitulé «Ayé». Le groupe entreprend une nouvelle tournée durant la période du carnaval, en Guadeloupe et Martinique. Il la reprend en août et va même en Haïti. La même année, Kassav’ sort pour Noël «Yélélé ». Kassav’ débute l’année 1985 en force. Jean-Philippe Marthély en profite pour sortir un deuxième album solo, alors que suit celui de Jean-Claude Naimro. Le groupe se retrouve ensuite en France pour le premier d’une longue série de concerts au Zénith. à partir du mois de juillet et jusqu’à la fin de l’année, les tournées continuent dans divers pays tels que l’Algérie, la Guyane, Saint-Martin, Sainte-Lucie, l’Angola devant 30.000 personnes à Luanda, le Portugal, le Niger, le Burkina Faso, le Togo, le Bénin, le Gabon, la Côte d’Ivoire et naturellement les Antilles.
Début 1986, ils fêtent leur premier Disque d’Or devant 40.000 personnes rassemblées en Guadeloupe. Le 21 juin, jour de la Fête de la Musique en France, est organisé pour la première fois un Carnaval antillais à travers Paris. à la fin du défilé, sur la pelouse de
Reuilly, on retrouve le groupe déjà mythique devant 250.000 personnes. L’occasion de présenter «Gorée», un disque de Georges Décimus et Jacob Desvarieux créé sous l’inspiration de la visite de la Maison des Esclaves. De nouveaux déplacements au Portugal, au Sénégal, au Zaïre… Puis, Jocelyne Béroard sort son premier album «Siwo», qui est un énorme succès :
double disque d’or, la plus grosse vente de tous les temps pour un disque féminin aux Antilles. Pour la première fois, une femme chante les joies, les désirs, les peines et les frustrations des Antillaises.
En 1987, le chanteur Philippe Lavil entendant la chanson «Kolé séré» (un des succès de l’album «Siwo») lui demande de la réenregistrer en duo avec lui. Le nouveau single, vendu à près de 500.000 exemplaires, monte à la deuxième place des charts français. Dans
la foulée, Kassav’ signe un contrat discographique avec CBS (devenu depuis Sony Music). La formation enchaîne ensuite les tournées et revient pour une série de concerts au Zénith. En novembre, le groupe sort «Vini pou», qui devient Disque d’Or deux semaines après sa sortie. Ils sont récompensés par une Victoire de la musique comme meilleur groupe en 1988.
En 1989, Kassav’ obtient le Prix de la Francophonie au Québec et, pour ses dix ans d’existence, son premier disque de Platine pour «Majestik zouk». D’année en année, Kassav’ continue inlassablement ses tournées sur tous les continents… et, en 1990, est sacré Meilleur spectacle, au référendum africain de RFI.
En 1991, Jocelyne Béroard sort un deuxième album solo «Milans». Premier changement au sein du
groupe, Georges Décimus, un des piliers du groupe, part et est remplacé par Frédéric Caracas. En 1992, le groupe prend le chemin du cinéma, sous l’égide d’Euzhan Palcy, la réalisatrice de «Rue Case Nègre».
Les membres de Kassav’ jouent dans son film «Siméon», signent et interprètent la chanson générique du film «Mwen alé», que l’on retrouve sur «Tékit Izi», leur nouvel album. Kassav’ continue les tournées et obtient le Trophée du meilleur groupe au West Indies Awards à New York ainsi que l’AfriCar Award à Abidjan.
L’activité du groupe se ralentit un peu malgré quelques tournées ici ou là (en France et à l’étranger).
Certains critiques commencent à parler d’érosion du phénomène, du zouk passé de mode, etc. Pourtant, cela n’empêche pas la préparation d’un nouvel album. En juillet 1995, sort «Difé». Parmi les invités, Ray Baretto, Manu Katché et même Stevie Wonder à l’harmonica ! Pour les textes, on compte aussi Patrick Chamoiseau (Prix Goncourt 1992). En octobre, Kassav’ reprend les routes pour une tournée qui le mène évidemment au Zénith en mars 1996 à Paris et qui continue en France métropolitaine, en Europe et aux Antilles, et même au Canada pour les Francofolies de Montréal. En avril, «Difé» est Disque d’Or. En octobre, sort un album live «Kassav’ cho». L’année se termine avec la sortie de l’album «Marthéloy» de Marthély et de Patrick Saint-Eloi!
En mai, Jocelyne Béroard et Jacob Desvarieux sont nommés «Officiers du Mérite» au Sénégal par le
Président Abdou Diouf.
L’année 1997 voit la sortie d’un nouvel enregistrement de Jean-Claude Naimro avec «Digital Dread».
Kassav’ est élu Meilleur groupe aux Afric Awards à Libreville. La valse des albums solos continue avec la sortie l’année suivante de «O peyi» de Jean-Philippe Marthély et «Lovtans’» de Patrick Saint-Eloi.
Très appréciés en Amérique Latine, le combo part enregistrer à Cuba et travaille avec les meilleurs ingénieurs du son du fameux studio Egrem. Les titres sont ensuite mixés à Miami dans les studios Crescent Moon de Gloria Estefan. «Un toque latino» sort en novembre 1998 chez Sony. Le célèbre parolier Etienne Roda-Gil, d’origine catalane, est venu prêter main forte pour la réécriture des textes.
Jean-Claude Naimro sort à son tour un album solo au début de l’année 1999. En fait, on célèbre cette année-là les 20 ans d’existence de la formation. Une compilation «Best of 20 anniversaire» voit le jour avec en plus trois inédits. Les 12 et 13 juin, le groupe remplit Bercy. Après la métropole, Kassav’ célèbre son anniversaire le 10 juillet en Guadeloupe et le 17 en Martinique. Après deux dates aux Etats-Unis (New-York et Boston), il revient en France pour une tournée. En décembre, c’est au tour de Jacob Desvarieux de montrer ses talents en solo sur un album intitulé
«Euphrazine blues».
Après cette année chargée, pas question pour le groupe de se laisser aller au farniente. Le nouvel
album est en préparation dès le mois de décembre.
En juin 2000, sort «Nou la» («Nou la, nou byen la»: nous sommes là, bien là). à l’automne, le groupe fait la tournée des îles, et reçoit un Music Award à la Martinique pour son concert anniversaire. La formation continue les concerts jusqu’au début 2002 et prend une année sabbatique bien méritée. En 2003, Jocelyne sort son album «Madousinay» et Jacob contribue au succès de «Dis l’heure 2 Zouk», le projet mené par le rappeur Passi.
2004 sera l’année du grand retour de Kassav’ avec son quatorzième album studio «K’Toz». Sa popularité est intacte: le groupe triomphe devant 60.000 spectateurs
à l’occasion de la 20 ème édition du festival de Baïa das Gatas, sur l’île de Sao Vicente, au Cap Vert. En 2005, la formation est finaliste dans la catégorie Meilleur groupe «World», aux Victoires de la Musique.
Enfin, un nouvel album «All U Need is Zouk» est sorti  en décembre  2007, un beau cadeau de
Noël, à offrir ou à s’offrir, et qui nous démontre bien l’importance de l’apport musical des cultures antillaises et plus généralement caribéenne.

Source : RFI