Bondamanjak

« JÉNÈS, DOUBOUT BA PÉYI NOU ! »

En effet, nous étions nombreux à manifester durant la grève de février mars 2009. Nous étions plusieurs centaines de jeunes à avoir pris la responsabilité de descendre dans les rues pour demander spécifiquement, plus de moyens pour étudier correctement dans notre université, mais également pour dénoncer en tant que Martiniquais aux cotés de nos ainés une dégradation conséquente, non acceptable de nos conditions de vie.

Ces gens qui attisent la peur ont-ils mesuré l’ampleur des difficultés que rencontrent les jeunes aujourd’hui ? Ce sont-ils déjà honnêtement penchés sur notre sort ? Ce sont-ils déjà donné la peine de réfléchir objectivement aux problèmes de la jeunesse Martiniquaise ? S’ils l’on fait, pourquoi s’acharnent-ils à lancer des coups de griffes comme des fauves, par ici et par là pour se faire remarquer, au lieu de nous proposer un projet sérieux et fiable. Mais pour qui se prennent-ils ? Où se croient-ils ? Nous sommes en 2009, nous savons tous qu’aujourd’hui la vie est bien plus difficile qu’il n’y a 3O ans, surtout pour les jeunes. L’heure est au travail, à l’action, à la responsabilité; nous n’avons pas le temps pour les singeries et les « combats de gueules » !

Ils nous montrent leur mépris pour notre peuple, pour notre histoire. Ils se moquent de nous ! En tous cas ceux qui se prêtent à ce jeu là, pèp la pé ké jwé épi yo !

Parce ce que oui, je le dis, car je le pense. En Martinique nous avons élu aux assemblées du Conseil Général et du Conseil Régional, des hommes et des femmes qui pour la majorité ont eu le courage et ont pris la responsabilité de proposer et de voter ensemble, mettant de côté leurs divergences, un vrai terrain de travail adapté à la situation de notre île, pour notre peuple, dans le cadre de la République française, de la « démocratie française », qui est la nouvelle collectivité régie par l’article 74 de la constitution française. C’est un travail considérable qui a été mené jusqu’à aujourd’hui.

Maintenant, c’est vrai qu’il n’est pas parfait. Bien sûr, ce n’est pas le remède qui guérira tous les maux de notre pays ; il faut qu’on en soit conscient. Si certains s’attendent à ce qu’avec cet article de la constitution française, tous les problèmes qui touchent le peuple Martiniquais soient réglés, il faut que ceux là aussi cessent de rêver, car ce remède miracle n’existe pas. L’article 74 de la constitution française est simplement le terrain qu’aujourd’hui nous pouvons utiliser pour nous construire.

Alors, il y a-t-il des risques ? Evidement, qu’il y a des risques ! Tous les choix que nous faisons, toutes les décisions que nous prenons chacun dans notre vie, comportent des risques. Il faut simplement en prendre la mesure.

Qui, sachant venir un redoutable cyclone resterait dans une maison en tôle qui tombe en lambeau et pourrait lui être fatale, plutôt que d’aller s’abriter dans une maison plus solide dans laquelle, si il prend ses précautions, il survivra, parce qu’il y aurait des risques qu’en sortant de la maison en tôle qu’il glisse sur le sol mouillé et tombe ?

Aussi, n’y a-t-il pas plus de risque de rester dans la situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvons actuellement, sachant qu’elle empire et continuera à empirer si nous n’agissons pas au plus tôt, que de prendre la décision responsable de choisir pour notre avenir un cadre institutionnel qui nous permettra ensemble, de nous protéger et de consolider notre pays afin de mieux résister entre autre à la crise économique qui frappe le monde sans pitié, tel un ouragan de force 4 ?

Alors, quand je tombe sur les écrits d’un universitaire de l’UAG, censé être un modèle pour ce qui tient de raisonnements intellectuels, qui ose sans profondeur aucune, faire médiocrement l’éloge de la peur concernant l’évolution institutionnelle ; permettez-moi de sourire ! Car si la peur arrive à se glisser dans les tréfonds de l’esprit de ce professeur, au point de le faire tomber si bas, je vous assure qu’il n’est pas représentatif des universitaires de l’UAG et encore moins des étudiants qui gardent la tête bien posée sur les épaules. Que les peureux aillent se cacher pendant le combat, mais que leurs langues de vipères se taisent et nous laissent en paix, prendre en main notre devenir. Car de toutes façons, « les chiens aboient, la caravane passe » ! Nous devons nous mettre au pas d’un monde qui n’arrête pas de tourner. Nous sommes une jeunesse qui ne se laisse pas faire et qui marquera l’histoire, par son courage, sa dignité et sa détermination. Tou sa ki paré frennen nou, ba nou lè ! Pas sé douvan nou ka alé !

Car nous leur devons bien cela, à nos ainées qui se sont toujours battus des années durant pour sauver le pays, ont travaillé depuis leur plus jeune âge pour nous assurer un avenir meilleur. Je revoie encore les personnes âgées nous soutenir pendant la grève : « Alé ! Goumen ba péyi-a ! Nou pé pa an lari-a mé nou la épi zòt ! » Nous n’avons pas le doit, aujourd’hui, de laisser notre pays tomber en « friche ». Femmes Martiniquaises, courageuses combattantes et « djòk » que nous sommes, « poto mitan » de notre société, notre cœur ne nous permet pas de regarder notre peuple souffrir, sans rien faire. Nous devons agir dans le bon sens.

Camarades, parce que nous avons un rôle primordial dans l’évolution de notre société, prenons notre avenir en main ! Si nous aimons notre pays, si nous en sommes fiers, puisqu’on en voit partout avec des tee-shirts 972 et des bijoux symbole de la Martinique, cessons de nous dénigrer et de nous taper sur les doigts ; faisons plutôt ce pas qui nous permettra de choisir ce qu’il y a de mieux pour nous.

En tant qu’hommes et femmes dignes, ne baissons ni les armes, ni les yeux, car c’est notre avenir qui est en jeux ! Laissons les marchands d’illusions à leur commerce et tenons-nous par la main afin de prendre les devant de notre histoire, en votant un OUI massif le 10 janvier 2010 pour l’évolution institutionnelle de la Martinique dans le cadre de l’article 74 de la constitution française. Ainsi, nous reprendrons confiance en nous, et nous réconcilierons notre peuple avec lui-même. MERCI !!!

Maïmouna YOKESSA, 19 ans,


Étudiante en école d’ingénieur agroalimentaire.