Bondamanjak

LA COTONNIÈRE PERD SON FIL

–>La Cotonnière est un quartier situé entre Matoury et Cayenne, à l'allure ordinaire et paisible. Pas de quoi fouetter un chat et encore moins lui filer une pelote de coton à machouiller. On y construit de fil en aiguille, sans gène et sans vergogne, des petits chateaux qui n'ont rien d'espagnol, dans une arrogante irrégularité. Alors l'Etat représenté par la préfecture, la mairie, et une armada d'instances compétentes s'échinent à faire comprendre aux contrevenants qu'en République française, fusse-t-elle composée de spécificités enrichies d'exceptions, il y a une règlementation en la matière. Cette même règlementation applicable à vous et moi, intègre la notion de galères, de parcours du combattant, d'attentes, de démarches interminables et surtout de permis de construire. Hélas, voici venu le temps des Gaullois de Guyane. Ces citoyens frappés d'immunité administrative qui construisent des villages à leur guise sans passer par la case départ, comme au monopoly. Tort au laxisme des tordus en charge de l'aménagement du territoire : on laisse faire nos astérix et leurs idées fixes. Alors, pas moins de 78 maisons poussent comme des champignons un peu partout sur le département, car Rome ne s'est pas battie en un jour. Puis un beau matin, la machine répressive se réveille, avertit, écrit, convoque, interpelle, rappelle, condamne, puis engage une procédure lourde et longue. Pendant ce temps, des familles s'installent, grandissent et croient dur comme le ciment de leurs F4 et F5 climatisés, qu'elles sont hors de portée de la loi. Dans un état de droit, l'anarchie fait tache et l''Etat tâche de le souligner avec fermeté. C'est ainsi que pas moins de 350.000 euros ont été débloqués pour financer la démolition de 78 maisons construites en toute illégalité. A la Cotonnière, à la demande de la mairie de Matoury, il y en avait entre 10 et 17 à abattre ce matin. Et comme pour les procédures précédentes, les forces de l'ordre encadraient l'opération. Pas moins de 110 gendarmes mobiles comme des piquets autour du bulldozer, le substitut du procureur, les grand-mères, les chiens et les enfants en larme plantaient le décor du drame : Plus de 50 personnes à la rue !… oui m'sieurs-dames !… C'est comme cela s'écrit en bon français : plis ki 50 moun en laria ! Les organismes responsables du relogement en pareil cas (Mairie et Conseil Général) sont absents… Soudain, il est 10h30, les choses s'accélèrent, le ton monte, les bousculades commencent et une centaine de jeunes du quartier ou d'ailleurs d'ailleurs, arrivent. Certains sont cagoulés… ça promet ! Lâches et pleutres s'en prennent alors, contre toute attente, non pas aux tuniques bleues impassibles, mais aux journalistes dépêchés sur place. En quelques minutes, jets de pierres, insultes, et agressions physiques s'enchainent. Les pompiers présents tentent de s'interposer et en font les frais. Résultat : trois véhicules de RFO incendiés, toutes les vitres du véhicule d'ACG (Antenne Créole Guyane) cassées, plusieurs véhicules d'EDF pris pour cible… mais pas une seule égratignure des forces de l'ordre qui n'ont pas bougé un cil, "question de ne pas provoquer" disent-ils… Guyane Française 92000 km²: une politique du logement à la traine, des administrations laxistes puis répressives, des procédures de relogement inexistantes, des voyous assoifés de violences gratuites…. bref, de quoi dire en l'espèce que nous filons vraiment….. un mauvais coton. Warlock