Bondamanjak

La grève des 200 euros : Révélations et non Révolution

Non, ce mouvement social n’était pas une crise sociétale. Non, il n’était en rien non plus une crise identitaire. Oui, tout ce qui a été entendu sur les plateaux de télévision, notamment parisiens, n’a été que de généreuses balivernes destinées à donner une présentation politiquement correcte à une revendication salariale basique. A cet égard, les négropolitains se sont invités à une fête qui n’était pas la leur.

La tarte à la crème de nos conservatismes

Oui, le sociétal et l’identitaire n’ont toujours servi que de tarte à la crème à nos conservatismes. « Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va » : oui, par l’emploi que nous en faisons, cette heureuse formule nous a figés dans le passé et installés dans un immobilisme mortifère qui a fait perdre de vue la réalité. Car oui, les Martiniquais ont une parfaite connaissance de leur histoire, chacun, évidemment, selon son niveau de perception, de formation et de culture. Oui, ils savent que leurs ancêtres ont vécu l’esclavage et la colonisation. Oui, ils se rappellent, souvent par génération interposée, que la locution « nos ancêtres les gaulois » figurait dans le seul livre d’histoire qui existait alors pour toute la France hexagonale et coloniale. Non, ils n’ignorent pas que l’esclavage a été aboli en 1848 et la colonie, supprimée en 1946. 

On leur a dit de retenir la date du 22 mai 1848 : ils l’ont retenu

On leur a dit de retenir la date du 22 mai 1848 : ils l’ont retenu. On leur a prétendu que depuis 1946 c’est toujours la colonisation : ils ont entendu. Mais en 1951, il s’est agi aussi pour eux de consolider l’intégration à la France, en février 2009, de renouveler les voeux d’attachement à la nation française. En 1951, ils avaient estimé qu’il y avait une injustice dans le traitement différencié des fonctionnaires locaux et métropolitains : les premiers ont fait grève pendant 3 mois pour l’égalité du contenu du portemonnaie. Ils ont obtenu les 40%, mais aussi le congé administratif à passer en métropole … chez la mère-patrie. En 2009, ils se sont rendu compte que la vie était trop chère. On leur a promis 200 euros de plus sur le compte en banque ou/et 20% de baisse des prix : ils ont aussitôt sauté dans la rue et y sont restés. Ils ont gagné et pourront soigner leur « mal caddie », comme le dit avec humour André Lucrèce.

Contre la France et les Békés : le savoir-faire du carnaval

On leur a demandé en échange de chanter contre la France et les Békés. Qu’à cela ne tienne, ils ont le savoir-faire du carnaval où la coutume permet de brûler en effigie ceux qui, dès le lendemain de la mort de « Vaval », retrouveront leur droit au respect.

Demain la France retrouvera ses charmes : gare à ceux qui voudront l’éloigner tant soit peu en demandant un changement de statut. L’article 73 a enregistré ces 200 euros et ces 20%, devra-t-on confier à l’article 74 la charge de les mettre en œuvre et d’en gérer les conséquences ? Demain il faudra faire repartir l’économie. Qui seront les premiers attendus sur la ligne de départ ? Les Békés, bien sûr. Et demain c’est déjà aujourd’hui.

Les contorsions intellectuelles assomment les Martiniquais

Non, les Martiniquais n’ont pas les moyens de se livrer aux contorsions intellectuelles dont on les assomme depuis 50 ans. Celles-ci ont eu pour résultat d’en faire une population schizophrène – c’est-à-dire malade – et d’engendrer un psittacisme – c’est-à-dire une maladie – qui conduit à mettre à toutes les sauces des formules savantes totalement incomprises venant de Fanon ou de Césaire. On voudrait que chaque martiniquais sache disserter sur Schoelcher, Bissette ou Romain. Non, ils ne sont pas plus ignorants de leur histoire que, des leurs, les Français de France ou des régions de France. La plupart d’entre eux ne connaissent même pas la date de naissance de leur pays, et ne savent pas distinguer Clovis d’Hugues Capet. Ils n’en sont pas malades et la France est l’une des plus puissantes nations du monde alors que nous baignons dans un monde virtuel dicté par une littérature totalitaire, qui assène plus qu’elle n’interroge. Il n’y a pas mieux que les victoires de type C5F pour rappeler à la réalité et consolider les amarres de la continuité territoriale française.

Yves-Léopold Monthieux

13 mars 2009

yvesmonthieux@wanadoo.fr