Bondamanjak

La lettre de Dédé Saint-Prix

 

 
Je connais une indienne de Basse-Pointe
       qui aimait un nègre (et qui l’aime toujours) ; elle a subi les
       foudres de ses parents, elle a tenu tête et s’est mariée contre
       l’avis des siens.- Il y a un béké qui aimait une belle négresse du
       François; ses parents l’ont forcé à l’exil au Canada, (quelles sont
       ces mafoutances ?) il a épousé une blanche malgré tout et il s’est
       donné la mort !- Lors de mon premier mariage avec une chabine, dans
       mon propre cercle familial j’ai entendu : « Dédé tu blanchis la
       famille… »- Une mûlatresse à une chabine :  » tu as vu le mari de
       Léonie ? il est noir !!!! » et la chabine a répondu : « il est noir
       MAIS il est avocat !!! »Le « MAIS » veut tout dire…et j’en ai fai une
       chanson intitulée « Koulè la po…  » – J’ai aussi écrit dans  « 
       Egalité a dé vitesse :  » Ès ou kwè ki an bétjé ké pé mayé épi an
       nègrès, si an jou sa rivé yo ké dézéritéy la menm !i ni fanmi nèg,
       sé nèg yo lé ba yich yo (j’aurai pu dire i ni fanmi zendien aussi )
       èskè lanmou-an na an koulè ? « – J’ai donné des cours d’éveil musical
       dans une école privée en Martinique (dans la classe il n’y avait
       qu’un seul non-béké…), les élèves avaient entre 7 et 10ans. A
       chaque fois que j’utilisais la flûte en bambou, la conque de lanbi
       ou le tambour, un des élèves (toujours le même) chahutait
       systémathiquement en poussant des cris « birarres… » – Un béké de
       Martinique a fait venir de Paris une experte-comptable métropolitane
       pour mettre de l’ordre dans son entreprise à Fort de France. (Les
       martiniquais n’ont peut-être pas cette compétence, ni ce niveau
       d’étude !! lol…glissons !) et un soir après le boulot ce patron
       béké qui parcourt le monde à sa guise (on dit que les voyages
       forment la jeunesse ! ay kwè sa !) invite l’experte-comptable
       métropolitaine chez lui pour un apéro. Il a toute suite dit à la
       zorèy que sa « fierté » c’était qu’aucune personne de couleur n’a mis
       et ne mettra les pieds à son domicile, même pas pour faire la
       viaisselle… »  – Mon grand-père (côté manman) était le gardien de
       la Presqu’ile au François pour le compte de Mr Vivies. Il l’appelait
       : « Misié Vivies !  » Il n’y avait pas encore de ponton.Et pour ne pas
       mouiller ses belles chaussures, c’est sur le dos de mon grand-père
       que Mr Vivies montait pour embarquer dans le canot… – Ma mère a
       travaillé en tant que nurse chez Mr Bernard Despointes (le frère du
       tristement célèbre A. Despointes)  et c’est de là que ma mère a été
       inscrite pour la première fois à la sécurité sociale.Il n’y aura pas
       de pardon si nous faisons la politique de l’autruche ! Il n’y aura
       pas de réconciliation si douvan sé bèl bonjou épi dèyè sé raché
       koupé !Les bobos sont à l’air libre, désinfectons les ! sans racisme
       aucun  ! L’avenir de la Martinique passera par la reconnaissance de
       nos erreurs respectives ! Beaucoup d’entre nous ont vécu non loin ou
       sur des habitations : c’est le moment de percer l’abcès ! sans haine
       !Nous sommes témoins et acteurs de notre histoire.Redonnons du sens
       à nos vies !Nous adorons le même Dieu mais ne partageons pas les
       mêmes valeurs.Nou tout’ pa kon sa , mé parmi nou ni sa !
 
 
Dédé Saint-Prix