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La mystification : « paradigme » politique nouveau en Martinique nouvelle

L’immixtion du politique dans le pédagogique qui entraîne le  non respect de la Loi a des conséquences préjudiciables pour les étudiants, pour les enseignants en capacité de proposer un projet véritablement innovant pour l’école, pour le contribuable martiniquais qui aura à payer les salaires et indemnités dus à juste titre, à Monsieur Brou et les salaires de la personne ( ?) qui a été désignée pour le remplacer.

En « Martinique nouvelle », le Droit du Travail est bafoué, le Code Electoral n’est pas respecté, le Code des Marchés Publics (Affaire du Rond Point Tilo) est foulé aux pieds : ça suffit !

Deuxième constante : les pratiques hégémoniques.

Dans l’affaire de l’IRAV, le politique s’est substitué aux tribunaux pour faire le procès du directeur de l’école et celui de l’équipe pédagogique qu’il envisageait de constituer, sans leur donner la possibilité de se défendre, ni de défendre leur projet.

Il s’agissait soit disant de faire le « grand ménage » et de rétablir la paix, mais le démenti cinglant du Tribunal Administratif montre à l’envie la mystification qui est en jeu.

En toute circonstance et dans celle là en particulier, l’immixtion du politique dans le pédagogique est totalement insupportable : les compétences d’un groupe d’universitaires et plasticiens ne sont pas à mettre en balance, dans le domaine de la Culture, avec les compétences d’une gestionnaire d’entreprises de spectacles et de management d’artistes aussi talentueuse soit-elle.

Monsieur Brou, dès sa prise de fonction s’était donné pour mission de « fédérer les énergies et ouvrir l’IRAVM à la Caraïbe et au Monde » et de mettre l’école en conformité de formation dans le nouveau dispositif du LMD (Licence –Master-Doctorat).

Pour cette mise en conformité, deux options étaient possibles :

    l’IRAVM concevait lui-même les contenus des enseignements tant pour les formateurs  que pour les étudiants. Ce choix exigeait certes, la capacité de concevoir de tels contenus de formation mais libérait de la contrainte des contenus de formation de l’IUFM et de l’Université Française.
    Confier à l’IUFM la formation des enseignants.

Cette seconde option choisie par le nouveau « Campus Caribéen des Arts », place tous les enseignements sous l’autorité de l’UAG qui applique les programmes français.

La prétendue nouveauté d’un projet de formation des enseignants dans le moule du LMD (Licence-Master-Doctorat) avec les contenus de savoir de l’éducation artistique française sera-t-il suffisant pour préserver les potentialités de création de nos jeunes, de nos artistes et faire émerger une dynamique créative proprement martiniquaise ?

Il est fort à craindre qu’avec de telles orientations « faciles » la Culture  en Martinique ne soit dirigée vers une impasse, pire, entraînée inéluctablement vers  une agonie.

La décision du Tribunal Administratif implique que Monsieur Brou doit être effectivement rétabli dans ses fonctions. Cette fonction existe-t-elle dans la nouvelle structure dénommée « Campus Caribéen des Arts » ?

L’organigramme du nouveau «  Campus », en séparant l’administratif du pédagogique, répond davantage à une logique politique d’exercice du pouvoir, et on ne voit pas comment un directeur l’école d’art pourrait exercer toutes les attributions afférentes à son statut.

Le mode d’organisation retenu pour le fonctionnement du « Campus » n’est pas de nature à permettre la réalisation des missions culturelles et artistiques d’une Ecole d’Arts.

Une mystification de plus qui consiste à présenter comme une innovation, une organisation qui en réalité, permet à cette structure de mettre sous contrôle les projets culturels, de manière hégémonique, en recourant au clientélisme, en étouffant l’émergence de projets autres, même s’ils sont de nature à impulser une véritable créativité martiniquaise et caribéenne.

Tout est creux dans ce « campus » qui serait bien inspiré de s’afficher à minima, comme un « Campus Martiniquais des Arts » ouvert d’abord sur la Caraïbe et sur le Monde.

 L’interrogation persiste : au-delà du catalogue, quel contenu de politique culturelle est assigné au « Campus Caribéen des Arts » et à ces différents départements ?

Les « hautes nécessités » sont en train de faire main basse sur la politique culturelle en Martinique, inspirés par une pensée unique, hégémonique, avec son complément de clientélisme et de « cancans », sans considération de la détresse des populations des quartiers et des jeunes désœuvrés qui n’attendent rien de mieux qu’une offre politique leur donnant la possibilité de s’exprimer et d’entrer en créativité.

Le prix à payer par l’ensemble des martiniquais pour la gabegie des responsables politiques en charge de la politique culturelle dans notre pays, risque d’être très lourd, tant financièrement que socialement. Et on n’a pas fini d’en entendre parler !!

 L’immense regret est que cette mystification organisée, savamment orchestrée ne fasse pas l’objet d’appréciations de la part de nos intellectuels et artistes, très silencieux, qui ne partagent pas leurs réflexions théoriques sur la Culture en Martinique.

Notre poète bien aimé repose en paix, lui qui a tant porté l’espérance de notre peuple, il n’aura pas l’incommensurable douleur d’écrire : « Mon peuple,… quand, quand donc cesseras-tu  d’être le jouet sombre au carnaval… » de tes propres enfants !

          Danielle BORIEL