Bondamanjak

La « Lettre aux martiniquais » de Serge Letchimy

Les défis qui sont aujourd’hui les nôtres, ne doivent pas s’aborder de manière étroitement économique ou sociale. Ils sont aussi culturels, voire philosophiques. Dès lors, pour y faire face, il nous faut mobiliser des valeurs, et une appréciation lucide des grands enjeux contemporains, qui devront donner une âme à notre action économique et à toutes ces mesures que nous allons mettre en œuvre au plus vite.

L’esprit d’entreprendre

L’économie martiniquaise doit être au service des martiniquais. La croissance ne doit pas être au service du profit pour le profit. Toute économie doit conforter ces valeurs essentielles qui contribuent à l’élévation de chacun au maximum de ses possibilités. Elle doit permettre d’insuffler à notre jeunesse un esprit d’entreprise qui ne se situe pas uniquement dans une perspective de profit, mais dans une dynamique de citoyenneté généreuse. C’est pourquoi, je crois aussi à l’esprit de coopérative qui est tellement présent dans notre tradition, tout comme à l’aptitude à donner.

Je veux aussi porter une attention toute particulière aux deux extrémités de notre tissu social : aux jeunes et à ces hommes et femmes du troisième âge que l’on appelle les “Grandes personnes”. Les Grandes personnes comme sources et ressources.

Je veux que notre Martinique nouvelle ne s’inscrive pas dans cette logique de mise à l’écart des aînés, et de leur paupérisation rampante, que l’on retrouve en Occident. Une Grande personne est pour moi un trésor d’expérience et d’expertises, une ressource que nous devons absolument impliquer dans le projet commun. Nous aurons besoin d’eux dans la mise en œuvre de ces proximités nouvelles et de ces accompagnements solidaires que nous allons mettre en place.

La jeunesse comme force au présent et chance du futur.

Notre jeunesse doit assumer pleinement son rôle de force vive pour l’avenir. Elle doit pouvoir étudier, apprendre, s’impliquer dans la vie du pays et du monde, dans des conditions de logement, de ressources, de déplacements et de loisirs, qui soient les plus décentes possibles ! La Martinique nouvelle sera attentive à ses jeunes. Elle sera soucieuse de leur assurer les conditions d’une liberté inventive, contestatrice, qui assurera toute la richesse de son évolution future.

Un pays propre.

Reste enfin, la question du rapport a notre environnement et plus largement aux changements climatiques qui vont provoquer dans les années qui viennent de douloureuses mutations et de grandes catastrophes. Nous devons enfin envisager une production agricole hautement diversifiée qui assurera une large part de notre consommation alimentaire. De même, notre fabuleuse biodiversité, ouvre à notre Martinique nouvelle des perspectives de valorisation considérables, qui nous promettent bien des horizons en termes de créations d’entreprises, d’emplois, de formations diverses, et de visibilité internationale.

Maintenant !

Avec le survol de ces quelques principes, vous voyez à quel point il ne s’agit pas seulement d’élections régionales, de développement économique, ou de simple définition des modalités de fonctionnement d’une collectivité unique.

Il s’agit de faire le choix d’une société martiniquaise s’installant dans d’inédites fondations.

Il s’agit de traiter, aujourd’hui même, les premières urgences : emploi, relance économique, mise en place de la collectivité unique.

Il s’agit également de mettre en oeuvre sur plusieurs années de nouvelles politiques plus audacieuses en matière économique, en matière d esolidarités, en matière d’environnement…

La Martinique nouvelle est possible, elle est à notre portée, construisons-là maintenant ! « 

Serge Letchimy