Bondamanjak

La « TNT au rabais » des territoires d’outre-mer

 

Le paysage audiovisuel des DOM-TOM est en effet spécifique. Selon les territoires, les habitants ne peuvent recevoir en analogique que de une à quatre chaînes. Si certaines d’entre elles ne proposent que des programmes locaux, d’autres, commeAntenne Réunion, ou Tempo (groupe RFO), diffusent une sélection de programmes issus de TF1, M6 ou France Télévisions. Pour étoffer leur éventail de programmes, les téléspectateurs d’outre-mer n’ont d’autre choix que de souscrire à d’onéreux bouquets de chaînes diffusés par satellite ou ADSL, comprenant les chaînes diffusées gratuitement en métropole.

L’arrivée de la TNT faisant donc espérer la diffusion gratuite de TF1, M6 ou Gulli pour tous les Ultramarins. Douche froide lors du dévoilement du bouquet de chaînes numériques : seul le groupe France Télévisions est présent (France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô, France 24, Arte, RFO, rebaptisé Première), avec une ou deux chaînes privées locales. Les chaînes privées métropolitaines, de TF1 à NRJ12 en passant par BFM, brillent elles par leur absence. Seront-elles présentes lors du passage au tout numérique, qui s’accompagnera d’un nouveau bouquet de chaînes, fin 2011 ? Rien n’est moins sûr.

RÉSISTANCES DES CHAÎNES PRIVÉES MÉTROPOLITAINES ET LOCALES

Selon un rapport (PDF) du CSA datant de mai 2008 remis au gouvernement, les chaînes privées métropolitaines ne trouveraient aucun intérêt financier à se lancer dans la diffusion numérique en outre-mer. « Les chaînes privées métropolitaines ne manquent pas d’insister sur le prix de l’acheminement de leurs programmes sur place, en sus du coût de leur diffusion, sur la nécessaire détention des droits outre-mer des programmes, sur les coûts du traitement du décalage horaire, c’est-à-dire sur autant de dépenses qui ne pourront être compensées par un accès aux ressources d’un marché publicitaire dont l’étroitesse interdit, dans l’immédiat, tout espoir de recettes », note Alain Méar, membre du conseil du CSA. Autre source de résistance, les chaînes privées locales dont la grille des programmes est composée à près de 70 % par des émissions issues de TF1 ou M6, comme Antenne Réunion, qui « perçoivent et vivent [l’arrivée des chaînes privées métropolitaines] comme la chronique d’une disparition annoncée », ce qui »rend difficile, sinon impossible, toute tentative d’incitation à une réflexion sur une éventuelle évolution du format de ces chaînes vers davantage de proximité et donc plus de productions locales de qualité ».

« DÉMARCHE PRAGMATIQUE »

Face à ses contraintes, le CSA a donc décidé d’opter dès 2008 pour une »démarche pragmatique (…) adaptée aux spécificités ultramarines », afin que »l’avènement de la télévision numérique [fasse] l’objet du plus large consensus possible, gage de sa réussite ». Le lancement des chaînes numériques se ferait donc selon trois vagues successives. La première, qui a été lancée le 30 novembre, comprend donc les chaînes du groupe France Télévisions ainsi que quelques chaînes locales. La deuxième vague comprendrait d’autres chaînes locales, préexistantes ou non, qui émettront auprès du CSA leur souhait d’être présentes sur la TNT, ainsi qu’une ou deux chaînes en HD.

La dernière vague, qui aurait lieu après le passage au tout numérique, donc en 2012, concernerait les « chaînes privées gratuites de la TNT métropolitaine, qui d’ici là auront pu revoir leurs positions quant à l’opportunité de leur présence outre-mer, et, le cas échéant, d’un appel dédié aux ultimes nouveaux projets locaux, dont une consultation préalable aurait permis de déceler l’existence ». La présence future d’une offre TNT identique à celle de la métropole semble bien hypothétique.


Chloé Woitier


Source : lemonde.fr