Bondamanjak

L’anniversaire oublié

La Martinique m’attriste.

Comment peut-on vivre sans mémoire ?

Comment peut-on accepter l’amnésie de l’âme comme des hédonistes déguisés en rémoras voraces ?

Je suis triste car je pense à Aimé Césaire. Je pense au courbaril planté le 17 décembre 2001 à l’Habitation Clément au François. Personne, pa yonn di yo, n’a pensé au dixième anniversaire de cet arbre fruit possible du vivre ensemble. Arbre feuille, feuille ente d’entre les êtres.

Je suis triste de cette mémoire jetable. Mémoire souillée par l’impropre.  Pire, j’ai honte car je savais le poète sincère. 10 ans pour forger un oubli motivé par l’ère du vide identitaire.

Après on viendra me dire que la Martinique est un PAYS ?

On viendra me parler de gouvernance ?

Pour l’heure, je ne vois que le rance, je ne vis que l’errance.

Je suis triste même quand j’oublie.

Pourtant, cette île creuset a les moyens de crier son désir d’exister dans le creux de toutes ses mains.

gilles dégras

Pour mémoire : http://www.bondamanjak.com/martinique/28-a-la-une/7002-cette-ile-feuille-de-courbaril-ne-doit-pas-etre-un-long-baril-de-poudre.html