Bondamanjak

L’élection américaine vue par une négropolitaine

Midi. Je me réveille. Lendemain d'élection américaine. Sur toutes les chaînes hertziennes les mêmes images : Barack et Michelle Obama avec leurs filles à Chicago, des scènes de liesse dans les grandes villes américaines et en France.
En région parisienne, au moins trois grandes soirées ont été organisées par diverses associations de promotion de la diversité : à L'Hay-les-roses, les Antillais, dans le 8ème arrondissement, le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), et à la Goutte d'Or, les intellectuels africains. Toutes ces organisations ont bien sûr eu droit à leur minute d'antenne sur les télévisions nationales. Toujours, les mêmes images de réjouissance : super, un Noir à la tête de la première puissance du monde. Et malgré moi, je pleure. De joie, car je ne pensais pas vivre un tel événement un jour. De tristesse, parce que je me demande si on ne fête pas la disparition de la paille dans l'œil de notre voisin. Et la poutre dans le nôtre ?
Je repense à l'interview de Rama Yade, sur canal + (www.canalplus.fr), mardi matin. Interrogée sur la possibilité d' « un Obama français », la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme a bien évidemment pointé le retard de notre pays en la matière. Tout en ajoutant qu'à l'Assemblée Nationale, outre les élus de l'Outre mer, il y avait bien sûr George Pau-Langevin (la guadeloupéenne députée de Paris), mais que comme elle n'était pas issue de l'immigration…
Alors, en cette matinée de lendemain d'élection, je crains fort que les Antillais, les « négropolitains » restent encore sur la touche et ratent le train de la diversité.
Je revois les salles de meeting à moitié vides lorsque certains Antillais faisaient campagne pour être élu député à Paris. Et, j'espère que la mobilisation de nos communautés autour de la candidature d'Obama ne va pas retomber comme un soufflé. Mais qu'elle nous servira d'exemple pour à l'avenir mieux soutenir nos candidats.

Julia Steward