Bondamanjak

Le chiffre que L’INSEE ne veut pas calculer

 

Ce problème est mal compris ici aux Antilles. Car nous souffrons du double complexe : on doit gérer l’égo des amis locaux, et l’égo des Français de France. Première étape : COMMENT TU VEUX PARTIR DE LA MARTINIQUE, PAYS DE PARADIS ? (« mais tu es fou » ?)… On nous promet catastrophe et retour piteux au pays, engelure et ratonnade en banlieue morose. Deuxième étape : COMMENT, TU VEUX QUITTER LA FRANCE, TU VERRAS QUE CE N’EST PAS MIEUX AILLEURS. Complexe français de supériorité. Certes le système de santé français est encore performant (en dépit des assauts des ultra-libéraux au pouvoir), certes l’éducation est très bonne (en dépit des assauts des ultra-libéraux), certes la culture est une valeur essentielle (en dépit de TF1)… Mais on ne passe pas nos vies de « français moyen » dans un hôpital, à l’école avant de dormir au musée en regardant ARTE. Je dirais même que le Français ne se rend pas compte de sa chance, et il gâche sa vie à ne pas la vivre. Critique et pusillanime il n’est pas étonnant qu’il ne sache pas jouir des avantages de son propre système.

La question n’est d’ailleurs plus d’actualité : pour un bon nombre de mes compagnons « antillais de l’étranger » il n’y a plus d’autre choix que la valise. Avec « la crise » sinistre de la France actuelle il faut partir. Repliée sur elle-même la société française se rétracte et se trompe d’enjeu. Nous sommes les boucs émissaires des illusions perdues. Le monde est vaste, je croise des Antillais partout, en Chine (beaucoup), en Suède, au Canada, à Londres… ils sont partis sans laisser d’adresse, joignables par email, ils forment la nouvelle diaspora, l’énergie du monde de demain.

(1) Solde global sur comparatifs de deux recensements. Cf « France je t’aime je te quitte » page 38.
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