Bondamanjak

Le Conseiller Régional Louis BOUTRIN opposé à la dérogation sur l’interdiction de l’épandage aérien

Alors, arrêtez donc ce diktat et votre chantage aujourd’hui, ici même dans l’hémicycle du Conseil Régional : « …sé pa ba Préfet nou ka voté, sé ba zot nou ka voté ! »

Et, dans un esprit d’ouverture, car j’ai bien entendu le cri des agriculteurs qui se sont exprimés, je ne suis pas sourd, puisqu’il s’agit d’un véritable cri de désespoir, il nous faut trouver des solutions alternatives et le Collègue l’a rappelé, il en existe !

Je rappelle aux agriculteurs qui sont intervenus ici qu’il ne faut pas qu’ils se trompent de cibles car, personnellement, j’ai toujours été à leur côté, y compris quand il fallait demander audience au Préfet Mancini pour revendiquer des dispositifs d’indemnisation et un suivi médical pour ceux qui ont été au contact du Chlordécone.

Je ne suis donc pas sourd, mais comment peut-on raisonnablement accorder une dérogation de 2 ans (même de 3 ans comme vient de le dire M. Berthome, le Pt de la Chambre d’Agriculture) sans avoir une garantie que les pratiques culturales changeront et qu’à l’issue de ces 2 années, on ne nous demandera pas une nouvelle dérogation et là, on tombe dans la spirale des dérogations à répétition. D’ailleurs, c’est à l’issue d’une triple dérogation, accordée par trois Ministres de la République successifs, que l’on a débouché sur ce scandale du Chlordécone.

Je suis opposé à la dérogation sur l’épandage aérien car :

A ce jour, pratiquement 20 ans après la Loi sur l’eau de 1992, il n’y a toujours pas les périmètres de protection des points de captation de l’eau potable, captation qui se fait au cœur du triangle de la banane, dans le Nord, et qui alimente les usines d’eau potable distribuée à l’ensemble des martiniquais,

A ce jour, 33 % de notre littoral, les fonds de Baie du Robert, du François, de Trinité et de Fort de France, sont interdits à la pêche après un arrêté préfectoral du 7 octobre 2010. (Voici la carte qui a été remise aux marins-pêcheurs suite à l’interdiction de la pêche dans les zones impactées par le Chlordécone).

Et, tout en étant solidaires des agriculteurs, nous devons êtes solidaires AUSSI des marins-pêcheurs,
• Parce que les marins-pêcheurs eux, ils n’ont pas de lobby à Bruxelles pour défendre leur cause
• Parce que les marins-pêcheurs eux, ils n’ont pas de cameras qui se déplacent en grand nombre quand ils poussent leur cri.

• Parce que les marins-pêcheurs eux, ils n’ont pas les moyens de se payer la campagne médiatique orchestrée actuellement par les latifundistes de la banane
Une profession est en train de mourir sans avoir droit, AUSSI, à la solidarité.
Alors, de grâce, ni diktat, ni chantage dans cet hémicycle régional.

Donnez-nous d’abord un signal fort de votre changement d’attitude car des solutions alternatives existent.

Je vous remercie
Louis BOUTRIN

Conseiller Régional
Groupe de Patriotes Martiniquais et Sympathisants
Intervention lors de la Plénière du 1er décembre 2011