Bondamanjak

Le procès d’une violence imbécile en Martinique

Man holding metal gun on a dark background

Chaque semaine depuis quelques temps, peut-être des années, la Martinique se réveille ou se couche avec le récit récurrent de la mort violente par balles ou autres d’un de ses jeunes.

Le point commun entre toutes ces morts est cette interrogation qui n’en finit pas de nous étonner ? Pourquoi et comment en est-on arrivé là ?

De marches blanches en marches blanches, le chagrin noir des familles se mélange à la colère d’une population pas peuple rain, à la sidération sans ration et impuissante des élus-es, à la surenchère répressive de l’État sans jamais apporter un début de réponse aux drames qui endeuillent et blessent au plus profond d’elle-même la société martiniquaise.

À partir de demain, mardi 09 septembre 2025 et pendant quatre jours va se tenir à la cour d’Assises de la Martinique le procès de la violence imbécile.

Mr D est propriétaire à Ajoupa-Bouillon dans le nord de cette île chère à Émia Eriasec d’une propriété avec une très belle maison avec piscine construite à la sueur de son front car il est entrepreneur.

Il est retraité et pour arrondir ses fins de mois difficiles, il loue cet endroit pour des soirées et des événements festifs.

Ce soir là, c’est un groupe de jeunes qui se réunit pour fêter l’anniversaire de l’un d’entre eux…façon soirée de gala où on mange dans des assiettes en plastique. Le propriétaire présent de façon intermittente lors de la fiesta met la main à la pâte notamment pour le rituel barbecue. Alors que la viande perd son jus, que la graisse fait crépiter les flammes…un incident banal va dégénérer en opposant Mr D à un jeune présent à la soirée.

Un échange de coups de poings, uppercuts, crochets va précipiter au sol le maître des lieux qui se sentant humilié à domicile et en danger chez lui va en bon martiniquais, réagir et chercher à une dizaine de mètres de la maison…un…coutelas.

Se dirigeant, le visage ensanglanté vers l’un des jeunes, celui qui l’a frappé et persuadé que ce geste va l’impressionner et mettre fin au bordel ambiant, il s’avance…confiant. Ce qu’il ne sait pas c’est qu’ils sont tous ou presque armés.

Il s’avance donc et en même temps, le jeune homme glisse sa main dans sa sacoche en bandoulière sort une arme, un revolver et tire quatre fois. Trois balles se logent dans le thorax Pour la victime la fin est proche. La fête elle, est finie comme un pull up durable de DJ. Un homme va mourir. Le SAMU et les gendarmes arrivent et l’auteur des tirs explique calmement qu’il n’a fait que se défendre.

Lorsque les gendarmes l’interrogent, c’est l’effarement car ils constatent que ce jeune homme vient de passer plusieurs années en prison pour des faits semblables.

L’accusé et un de ses comparses qui a frappé Mr D auront 4 jours pour tenter de démontrer aux jurés de la Martinique la pertinence de la thèse de la légitime défense.

Défendus par deux ténors du barreau de Fort-de-France, Maîtres Max Bellemare et Philippe Edmond-Mariette. On peut légitimement penser qu’avec l’actuel climat délétère, morbide, que cette stratégie aura du mal à convaincre, à vaincre. Mais sait-on jamais ? En territoire empreint de spécificités …tout est possible.

En. face, la famille endeuillée a fait appel à deux ténors du barreau de Paris. Juan Branco et Alex Ursulet.

Bondamanjak suivra les audiences de ce procès d’une violence imbécile. À suivre…

gilles dégras