Bondamanjak

Le respect en politique

L’adversité politique ne doit jamais se muer en haine politique.

 

OUI à la liberté d’expression dès lors qu’elle s’exerce dans le respect de l’autre, NON au « fanatisme politique » et à ses dérives !

En Plénière du Conseil Régional de Martinique, l’actuelle majorité n’arrête de critiquer, polémiquer, dénigrer, mépriser, tourner en dérision la minorité des élus groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants (PMS)…

L’actuel Président de Région en personne emploie des mots tels que « inintelligent », « vagabond », « menteur », etc., en s’adressant aux membres de la minorité du groupe PMS qui sont interdits de répondre aux attaques, les micros étant coupés lorsqu’ils manifestent l’envie légitime de bénéficier d’un droit de réponse.

Un épisode mérite le détour.

Lors de la Plénière du 27 Septembre 2011, le Président de la collectivité régionale a appelé Daniel Marie-Sainte « mon vieux » en lui disant que son âge devrait lui amener la sagesse.

Pour ouvrir la parenthèse, ce commentaire est particulièrement surprenant de la part du Président d’un parti qui n’a pas que des jeunes, la doyenne du Conseil Régional de Martinique étant une élue du néo-PPM, l’actuel Maire de la ville de Fort-de-France étant âgé de 70 ans, notre illustre poète et chantre de la négritude ayant été Maire de la ville-capitale jusqu’à l’âge de 88 ans…

De plus, ces allusions à l’âge sont une forme de discrimination contre les personnes d’âge respectable, dans un pays dans lequel la population vieillit.

J’ai, lors de cette plénière du 27 Septembre 2011, répondu à Monsieur le Président de Région lorsqu’il m’a donné la parole sur un sujet relatif au droit d’expression de la minorité : « Merci, mon vieux », reprenant ainsi les termes qu’il avait lui-même précédemment employés à l’égard de Daniel Marie-Sainte au cours de la même Plénière.

Il a été offusqué et m’a même menacé de m’expulser de la salle, en vertu de son pouvoir de police, me disant qu’il s’agissait d’une insulte à son égard.

Je lui répondrai simplement en citant deux proverbes : « Sa ki pa bon pou zoi, pa bon pou kanna » et « Qui veut son respect se le procure ».

Je mets solennellement en garde : la boîte de Pandore risque de s’ouvrir, laissant s’échapper tous les maux.

Le mépris appellera le mépris, l’insulte appellera l’insulte, l’agression appellera la riposte etc. Il risque d’y avoir une escalade et une dégradation du climat politique dans ce pays, préjudiciable au peuple lui-même et, de manière générale, à la démocratie.

Nous ne pouvons accepter cela et nous devons tous, mutuellement et solidairement, main dans la main, ansanm ansanm, quel que soit notre bord politique, œuvrer pour qu’un débat politique serein et respectueux de l’autre et de ses opinions politiques s’installe.

Un autre exemple est particulièrement choquant : après le résultat des élections sénatoriales, un grand vidé des partisans de l’alliance « Ensemble pour une Martinique nouvelle » a eu lieu spontanément à la Préfecture au cours duquel les insultes ont fusées ; le journal télévisé d’une chaîne locale, a diffusé les images d’un homme en train de balayer les marches de la Préfecture, signifiant ainsi « Du balai » au sénateur sortant non réélu.

Avec de tels attitudes et comportements leurs auteurs ne s’honorent pas.

Soyons respectueux les uns les autres et, surtout, élevons le débat. Le peuple mérite mieux que le spectacle affligeant qui lui est donné par une partie de la classe politique.

Claude Lise est un homme de qualité avec des valeurs humaines et morales, qui s’est battu pour l’intérêt supérieur de son pays et qui a encore beaucoup à apporter. Les élections à la présidence du Conseil Général et aux Sénatoriales ne sont pas des élections au scrutin universel direct, c’est-à-dire que ce n’est pas le peuple qui vote. Et dans ce type d’élections, il y a indiscutablement des tractations. C’est ce qui s’est malheureusement passé dans ces deux dernières élections. Ainsi nous arrivons au paradoxe suivant : en termes de voix des électeurs martiniquais, au Conseil Général, les élus RDM totalisent plus de voix que les élus de l’actuelle majorité. Ce constat autorise le RDM à ne pas s’estimer perdant et à continuer à militer pour l’élévation de la conscience martiniquaise.

Pour sa part, le MIM continuera, avec ses alliés, le combat pour plus de dignité et pour plus de responsabilité du peuple et de ses élus.

C’est plus que jamais nécessaire, car avec l’actuelle majorité en place à la Région, il n’y a aucun respect de la minorité qui, en plus, doit se battre pour faire respecter ses droits les plus élémentaires comme le droit d’avoir une place dans les publications régionales.

Mais comme le disait Clement Attlee dans un discours politique, « La démocratie n’est pas simplement la loi de la majorité, c’est la loi de la majorité respectant comme il convient le droit des minorités. ». Elle commence aussi par le respect de l’autre.

 

Sandrine SAINT-AIME

Conseillère régionale du groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants (PMS)