Bondamanjak

Les mots du sexe en créole de la Guadeloupe

Anfinaldikont: «Sitè», on Planèt-Plézi: Epilogue: «Cythère», une Planète-Plaisr.

Chacun de ces huit chapitres est divisé en quatre parties:

Tipawol ka kouri: citations, proverbes ou refrains de chansons populaires

Mo nou kay sèvi pou di: vocabulaire de référence

Mi yo: les voici, illustration du vocabulaire

Wélélé: fable ou conte

Le présent ouvrage sera suivi d’un second tome comprenant huit autres chapitres.
Entrevue de l’auteur

– Hector Poullet, comment vous est venue l’idée de lexique coquin en créole?

À vrai dire l’idée était de mon éditeur, je crois qu’elle lui est venue après la sortie de Titeuf en créole. Quand il me l’a proposée je pensais qu’il n’y avait pas matière à faire tout un lexique sur le thème du sexe. C’est seulement quand j’ai commencé à interroger les gens autour de moi que je me suis rendu compte de la richesse du vocabulaire dans ce domaine et de l’intérêt que nous aurions à le dévoiler.

– Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à accepter un tel projet?

Nos raisons ne sont jamais très claires. Je pense que Florent Charbonnier fait un travail considérable pour la mise en valeur et la mise à jour des cultures et langues créoles et que nous nous devons de l’aider autant que faire se peut. Par ailleurs je dois l’avouer j’aime encore les défis et pour moi-même ce projet était une vraie gageure.

– Quels objectifs visent un tel recueil?

D’abord sous l’angle de la simple lexicologie ce projet m’a donné l’occasion de faire des enquêtes sur un thème précis et de découvrir qu’un dictionnaire créole tel que nous l’avions jadis conçu ne permettait pas d’épuiser tout le vocabulaire sur un sujet donné. Le premier objectif est donc d’enrichir notre vocabulaire. Sous l’angle de la sociolinguistique, ou de la psycholinguistique, il était plus que temps de nous débarrasser de nos «ricanements» qui font croire que la langue créole serait par essence «mal élevée», plus vulgaire que toute autre. Il valait mieux écrire ces choses et les mettre au grand jour plutôt que de faire comme nous disons en créole «sizé si kaka», (s’asseoir sur sa merde), pour la cacher aux gens «comme il faut». Le deuxième objectif est donc de l’ordre de la catharsis.

– Quels thèmes abordez-vous dans KÒKÒLÒ?

Les thèmes se sont imposés après notre questionnement et nos enquêtes autour du sexe en Guadeloupe. Pour citer quelques-uns: sexe et violence, sexe, alcool et aphrodisiaques, sexe et sorcellerie, mais également des thèmes plus généraux, vus sous l’angle de la culture créole, comme le libertinage, l’homophobie, les maladies sexuellement transmissibles etc.

– Un tel ouvrage aurait-il été possible en Guadeloupe il y a 30 ans?

Bien évidemment non, déjà l’idée d’Astérix en créole a fait grincer quelques dents. La sortie de Titeuf créole a fait crier certains «au scandale». Et là, je ne sais pas encore quelle sera la réaction des ayatollahs. J’espère que le livre ne sera pas mis à l’Index, ou pire qu’aucune fatwa ne sera prononcée contre moi!

– Qu’est-ce qui a changé dans les mentalités des antillais au cours de ces 30 dernières années?

Beaucoup de choses. D’abord notre rapport à la langue créole, elle est de moins en moins perçue comme un handicap, mais plus comme un avantage, une richesse. Ensuite il y a notre rapport à l’expression des sentiments, jadis un baiser sur la bouche au cinéma faisait hurler de rires embarrassés, aujourd’hui les jeunes s’embrassent publiquement dans la rue. Sans compter notre rapport au livre, notre rapport à la lecture et la distanciation que nous prenons entre les idées et la réalité.

– Quelles différences notoires percevez-vous entre la place du sexe dans nos îles et celle que l’on peut trouver en France ou en Europe?

Fondamentalement aucune, l’Amour et le Sexe sont liés sur toute la planète. Les différences sont essentiellement dans l’expression verbale et corporelle. Disons qu’en Guadeloupe nous sommes moins libres que nous semblons l’être.

– Les antillais parlent-ils plus souvent du sexe que les continentaux?

Et si oui, pourquoi d’après vous? Les Antillais ne sont pas une catégorie homogène, tout dépend des milieux, des circonstances, de la classe d’âge, du contexte. Disons que pour ceux qui en parlent souvent c’est «parole en bouche» plus que liberté sexuelle.

– Un tel ouvrage peut-il aider à lutter contre les clichés ou les préjugés qui collent à nos îles?

Ce livre est surtout à usage interne, il doit nous permettre de rire de nous-mêmes. Ensuite qu’à l’extérieur il puisse changer la vision qu’on pourrait avoir de notre société, c’est évidemment notre souhait.

– Après avoir traduit Astérix en créole (paru chez Caraïbéditions), BD destinée à des enfants de 7 à 77 ans, pensez-vous que ce recueil de mots coquins s’adresse à un public de tout âge?

À ne pas mettre dans toutes les mains, en tout état de cause pas des très jeunes. À faire lire aux parents d’abord.

 

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