Bondamanjak

LES TRAVERS DU METISSAGE

LES TRAVERS DU METISSAGE

 « Cela toutes les Martiniquaises le savent, le disent, le répètent. Blanchir la race, sauver la race, mais non dans le sens qu’on pourrait supposer : non pas préserver l’originalité de la portion du monde au sein duquel elles ont grandi, mais assurer sa blancheur ».

 

                       Frantz Fanon, Peau noire masques blancs, éd. Du seuil, 1995, P.38.

 

 

Le métissage blanc-noir, beaucoup l’ont vu comme une source d’espoir pour rapprocher les « races » et lutter contre les discriminations.

Encore aujourd’hui, le métissage tout le monde y croit, même moi !

Enfin j’y croyais jusqu’à ce que…

Jusqu’à ce que certains l’instrumentalisent pour en faire un nouveau mode de dévalorisation du nègre.

Tout a commencé il y a quelque mois lorsqu’un enfant de 11 ans issu d’un couple mixte blanc/noir, s’est mis à répéter, grand sourire aux lèvres, des propos racistes qu’une de ses voisines blanches avait tenus à l’égard d’un noir.

Se sentant complètement étranger à son camarade discriminé, le jeune garçon métis criait à qui voulait l’entendre, qu’il était « trop foncé » pour qu’ils jouent avec lui.

Les parents, silencieux, on fait comme si de rien était, laissant le camarade surpris et humilié.

 

C’est ainsi que j’ai découvert que dans certains couples mixtes (et fort heureusement pas dans tous les cas, quoi que cela reste à vérifier…), les enfants métis sont souvent élevés pour ressembler le plus possible au blanc.

Du coup, esclavage et racisme deviennent des sujets tabous au sein de ces familles.

 

Pourquoi privilégier une culture à une autre ?

Pourquoi souvent, ce sont les origines nègres qui passent à la trappe dans l’éducation d’un métis ?

Cela signifierait-il que le destin du noir est de devenir blanc ?

Est-ce l’une des conséquences du « culte de la peau claire » observé aux Antilles ?

Que cherchons nous à fuir, à oublier ?

 

La négritude.

Un fardeau pour certains.

 

Vous savez, entendre des jeunes filles se venter d’avoir un compagnon « clair de peau » afin d’engendrer une progéniture avec une « belle couleur », ou encore une étudiante en médecine clamer qu’en étant métis son enfant aura tout réussi dans la vie, me fait me dire que l’esclavage est sans doute abolit, mais que nous ne cessons pas d’idolâtrer la couleur du colon.

 

Quel beau travail mental que celui-ci a réalisé sur mes congénères !

Quelle tristesse de voir ma génération reproduire les travers d’autrefois !

 

Nous sommes sortis meurtries du colonialisme et cela se vérifie tous les jours :

« an vié négress », « an bel ti chabine », «  je ne suis pas noire, je suis marron » sont autant d’expressions qui en témoignent.

Faites le malheur de dire à une « chabine » qu’elle est une « belle négresse » et vous ferez l’objet de quelques insultes. Bien entendu, certains n’en sont pas arrivés jusque là, mais les autres… ?

 Je conçois que je ne vous apprends rien. Des « Mayotte Capécia » il y en a partout. Ce sont des phénomènes malheureusement inscrits dans les rouages de notre société.

 

C’est pour cela que je dis, oui au métissage qui rassemble les peuples, mais non au métissage qui reproduit les humiliations passées.

 

Le métissage, un processus de négation de l’homme noir ?

Quand l’erreur devient  espoir…

 

 

 

L.Courrent