Bondamanjak

Marronnage institutionnel ou dérive autocratique ?

Malgré  les interrogations de l’opposition, aucune précision n’a été donnée à ce jour sur le contour juridique de ces dites commissions. Quel en sera le budget ? Quid du statut du personnel mis à disposition ? Nul ne sait car nous sommes en pleine expérimentation. Quelle sera l’articulation avec le Conseil Economique et Social Régional (CESR), cette assemblée consultative représentant les forces vives du pays ? Toutes les catégories socioprofessionnelles y sont regroupées en plusieurs collèges. Les membres y sont démocratiquement désignés par leurs pairs et il sera difficile d’en modifier la composition. Idem pour le Conseil de la Culture de l’Education et de l’Environnement (CCEE). Il est vrai que l’on a tellement fredonné l’audace et l’innovation des semaines durant, qu’un zest de marronnage institutionnel ne fera de mal à personne. Et puis, après tout, pourquoi ne pas s’affranchir de ces deux Conseils Consultatifs quand, tel un autocrate, on peut désigner tout seul des « experts » que l’on a soi-même choisis. Ceci dit, les Martiniquais qui siègent à ces deux Conseils sauront apprécier. Wait and see !

Une question demeure toutefois. Fallait-il créer 7 autres commissions ce qui ramène le nombre total de Commissions à 27 ? Va falloir s’accrocher ferme pour éviter la réunionite car ces commissions ad hoc n’ont apparemment pas de pouvoir décisionnel. Il faudra forcement repasser par les commissions sectorielles, la commission permanente ou la plénière pour valider les éventuels rapports ou financer les projets. A moins que ? Quand on sait que les Conseillers régionaux doivent siéger dans 264 organismes extérieurs où ils représentent la Région, on mesure déjà les inévitables désertions avant la fin de la mandature.

D’ici là, on aura le temps d’ajouter un strapontin supplémentaire à la Commission permanente. Eh oui ! Le président de la Commission des finances a été oublié lors de la composition de la Commission Permanente, ce qui est pour le moins très ennuyeux car il sera difficile de programmer les dépenses sectorielles en son absence. Mais bon. Il suffira d’une nouvelle délibération et notre M. Bercy, siègera dans un vrai fauteuil à la Commission permanente. Ce n’est donc pas très grave en soi, mais quand on a passé son temps à déblatérer sur les insuffisances supposées de l’équipe de Chaben, on se doit de connaître son alphabet.

Oui, dérive autocratique. C’est le cas quand on désigne des Présidents avant même que les administrateurs ne se soient réunis pour élire ces dits présidents. D’ailleurs, le France-Antilles du 7 avril 2010 a fait très fort. Photos à l’appui, à la Une comme en page intérieure, les nouveaux présidents du CMT, du PARM, du PNRM, de l’ADEM sont présentés dans le quotidien du jour. On y apprend que telle élue « …hérite de la Présidence du CMT » et qu’en final de compte « …Tous ces nouveaux présidents prendront possession de leur mandat dans les jours à venir ». Un vrai délire. Les conseils d’administration n’ont pas encore siégé, les administrateurs n’ont pas encore voté mais tout ce beau monde est déjà affublé d’un costume de président taillé sur mesure. La Martinique est devenue un pays d’héritage. On hérite de tout et à une vitesse grand V. Pas question d’attendre les procédures réglementaires car on est aussi pressé que le petit Nicolas après son élection à la Présidence de la République. Malheureusement, passé ce moment de fou rire, la réalité refait surface et inquiète quelque peu. Le rôle de l’opposition sera d’éclairer la population et, n’en déplaise à certains, de rendre public ce qu’elle considère comme étant les prémisses d’une dérive autocratique.

Aussi, le groupe des Patriotes Martiniquais et Sympathisants refuse de cautionner de telles pratiques. Il s’en explique à travers un Communiqué de presse où, dans l’optique de l’Assemblée Unique votée par les Martiniquais, ses élus proposent la mise en place d’une Commission Mixte de travail, Conseil Régional – Conseil Général, notamment sur les Risques Naturels Majeurs. Par ces temps où la planète Terre semble, elle aussi, perdre la boule, l’urgence est de développer une culture de prévention et d’assurer la protection des Martiniquais.


Louis Boutrin