Bondamanjak

MARTINIQUE, ENTRE MOTS MAUX ET PARADOXE SALE

Ce matin, j’ai du mal à sortir de mon immobilisme. Pas évident de se mobiliser quand on est un adepte de la télé-grève. La télé-grève c’est le cousin du télé-travail. On peut bosser chez soi mais on peut également grèver chez soi ou à la plage. Très souvent, je ne suis pas torturer par ce choix. Pour moi, une grève = un jour de congé. Surtout si on bloque les routes. man ka rété kay mwen épi i bon. Les syndicats sont payés pour ça, yo ka voyé la bou ba nou. Tranquille. Ce 5 février 2009, en  Martinique, près de 20 000 personnes étaient dans les rues de Fort-de-France. Un homme politique me disait que ça faisait plus de 20 ans qu’il n’avait pas vu ça dans l’île. Normal le martiniquais aime la télé-grève. Vers 11h30, je me dirige vers la capitale…ça roule. Pas de barrage. Le place2Be est au niveau de l’ancienne Rotonde…près de la préfecture. Les forces de l’ordre protège l’ancien palais du gouverneur. Et la rue est rouge konsi nou té adan an vidé mardi gras. Les gens échangeaient beaucoup, et dans les conversations, l’actu tournait autour d’un nom… »Despointes », d’un truc, une video qui est sur internet, y en a qui l’on vu d’autres qui connaissent quelqu’un qui a vu. Beaucoup veulent voir…le truc qui doit passer sur canal + à 21h50. On parle aussi de ce béké qui a dit que « Obama est un blanc qui n’est pas pur ». La passion et les nerfs font le reste…c’est chaud et surtout il fait chaud. L’intersyndicale est en rendez-vous avec le Préfet…sé boug la mandé 300 euro…soit 100 euros de plus que la Guadeloupe…hum hum. En sus il fait chaud, les bouteilles d’eau s’échangent dans une ambiance « ban mwen an gôjé » « Mèsi ». La Solidarité avec un grand « S » occupe le devant de la scène. Il fait chaud…et la le paradoxe sale s’installe. Tous ou presque se désaltèrent avec des boissons mises en bouteille par l’entreprise de Alain Huygues Despointes. L’homme qui dans le documentaire « Les derniers maîtres de la Martinique dira :

« Dans les familles métissées, les enfants sont de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie. Moi, je ne trouve pas ça bien. Nous (ndlr : les Békés), on a voulu préserver la race. » …« Les historiens ne parlent que des aspects négatifs de l’esclavage et c’est regrettable »

 Paradoxe…