Bondamanjak

NEG DOUBOUT

Mercredi soir, un groupe de personnes demandant la démission de Marc-Olivier Fogiel a réussi, avec l'appui d'Eric Cantona, à prendre la parole dans "Le Grand Journal" de Canal Plus. Le CSA s'est autosaisi. Des manifestants protestant contre le racisme à la télévision et demandant la démission de Marc-Olivier Fogiel ont pris la parole, mercredi 30 novembre, lors de l'émission de Michel Denisot sur Canal +, "Le Grand Journal", aidés par l'invité du jour, l'acteur Eric Cantona. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel s'est autosaisi sur cette affaire. L'incident s'est produit vers 20h10, dès le début de l'émission, alors que le public se levait pour accueillir l'ancien footballeur. Au moment de se rasseoir, une petite dizaine de personnes ont enfilé des T-shirts proclamant "non au racisme dans les médias" ou "Fogiel démission", et sont restées debout, silencieusement, en signe de protestation. Après quelques instants de gène visible, Michel Denisot décide d'interrompre l'interview d'Eric Cantona qu'il venait tout juste d'entamer: "Attendez, il y a des jeunes gens qui restent debout avec un tee-shirt". "On a vu le message: non au racisme dans les médias. Bon, vous vous êtes exprimés, on vous a laissé vous exprimer. C'est très bien, vous pouvez vous rasseoir". Mais les manifestants refusent de s'exécuter et annoncent qu'ils resteront debout tant que l'animateur ne leur donnera pas la parole. "Vous pouvez rester comme ça", leur répond Michel Denisot qui ne semble pas vouloir céder. "On peut vous donner la parole, mais si vous voulez la prendre comme ça, vous ne l'aurez pas" Mais alors que l'émission semblait devoir se poursuivre dans ces conditions, c'est l'invité, Eric Cantona, qui a refusé de reprendre l'interview et s'est rangé du côté des manifestants: "S'ils veulent venir trois minutes, je trouve que ça mérite d'être défendu", a déclaré l'acteur sous les applaudissements du public. Trois protestataires sont donc descendus sur le plateau, l'un d'entre eux sortant un papier de sa poche et s'apprêtant à faire une déclaration. Selon le site des Ogres Utopistes, fortement engagé dans la défense de l'humoriste Dieudonné, il s'agirait de Doc K, du groupe de rap La Brigade et fondateur l?association Alliance Noire pour la Citoyenneté. "Les médias, surtout à travers la télévision, participent à la structuration de la pensée et de la citoyenneté de chaque individu", a-t-il déclaré au micro. "Monsieur Fogiel, en tant que représentant du service public, symbolise la France républicaine et tous ses citoyens, même les Français d'origine étrangère. Or, il a été condamné le 29 septembre 2005 par le tribunal de Montpellier pour le montage et la diffusion d'un SMS à caractère raciste qui insulte l'ensemble de la communauté noire. En tant que citoyen français, nous ne pouvons payer la redevance télé pour nous faire insulter par le service public censé représenter la France et son visage multiculturel". A la fin de son intervention, l'orateur a appelé les médias à relayer les rassemblements organisés chaque dimanche soir devant les locaux où se déroulent l'émission de Marc-Olivier Fogiel, "On ne peut pas plaire à tout le monde", et à manifester le jour du jugement en appel de l'animateur. Il conclut par "merci monsieur Denisot et excusez nous" et repart s'assoire dans le public. Alors que Michel Denisot tente de reprendre le fil de son émission, c'est Eric Cantona qui se lance à son tour dans la polémique: "Sans en rajouter", affirme l'ex-footballeur, "on peut s'exprimer de temps en temps d'une façon ou d'une autre. On donne difficilement la parole. C'est-à-dire qu'en France on va faire tout un truc sur Napoléon qui a rétabli l'esclavage. Et c'est un géant, qui était petit quoi. Et aujourd'hui, il est remplacé par Le Pen avec un masque: Sarkozy." La fin de l'incident est clos par Michel Denisot qui s'engage à inviter dès le lendemain Marc-Olivier Fogiel afin de rétablir les temps de parole. Selon le blog de Jean-Marc Morandini, l'animateur de France 3 de son côté ne souhaite pas réagir afin de ne pas donner "plus d'importance" à cette affaire. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a indiqué jeudi s'être autosaisi de cet événement. Le CSA s'est autosaisi, ce qui est une procédure habituelle après ce genre d'incident, car "la question qui se pose est celle de la maîtrise de l'antenne", a indiqué le CSA. Les services du CSA vont à présent regarder les images, un groupe de travail va délibérer et le conseil va se demander s'il y a lieu d'entendre les responsables, voire de sanctionner. Ce processus "se produit à chaque fois qu'il y a un incident", a rappelé le CSA. Interrogé jeudi matin sur Europe 1 par Jean-Marc Morandini, Michel Denisot a déclaré: "De mon point de vue, l'incident a été géré de façon très correcte". Source: nouvelobs.com