Bondamanjak

« Notre Histoire et notre Culture transpirent Jazz »

Je me questionne sur la visibilité des Artistes antillais dans l’Art Français… Notamment dans le Jazz Français…
Alors j’ai discuté avec certains jazzmen guadeloupéens et martiniquais qui ont été confrontés à ce problème et on en revient à la même interrogation : Les musiciens antillais peu représentés sur la scène jazz française.
Et pour traduire ce ressenti, j’ai envie de citer Pap Ndiaye :
« Nous sommes passés d’un racisme biologique […] à un racisme culturel qui attribue à chacun non pas une race spécifique mais une culture spécifique, présentée comme inapte à un métissage et à l’intégration dans la société française. »
Alors cette discrimination culturelle n’est pas considérée comme raciste parce qu’ il n’y a pas de hiérarchisation de race…
On se rendra compte de cette discrimination culturelle lorsqu’un jazzman se présentera avec une oeuvre en créole et/ou qu’il aura intimement intégré dans son jazz, de la biguine ou de la mazurka. À ça, on lui répondra « Ce n’est pas du Jazz » ou « oui mais bon ca fait plus « zouk » que jazz »…
Je m’interroge tout de même sur le fait de savoir s’ils disent que le jazz de Manu Dibango ça fait N’dombolo…
Alors certains me diront que le Jazz Français a son lot de puristes… Mais puristes de quoi? Et qu’ est-ce que le jazz français?
Le jazz prend ses racines dans les work song (chants de travail des esclaves africains américains dans les champs de coton). Avant d’etre associé à l’élitisme, le jazz était avant tout une musique né de la misère, une musique de revendication et de liberté exprimée par des noirs.
Tout comme la musique de Guadeloupe et de Martinique…
Le jazz n’est pas seulement une musique codifiée dans laquelle on doit se formater, jouer d’une certaine façon. C’est avant tout une musique de liberté et d’expression.
En quoi l’oeuvre d’un jazzman antillais aurait-elle moins d’impact que celle d’un autre artiste sachant que son histoire et sa culture transpirent « jazz »…?
Le fait qu’un artiste veuille retranscrire ce qu’il est vraiment dans sa musique, le fait d’être Authentique envers lui-même et sa propre culture, le fait d’être français par identité et d’être guadeloupéen ou martiniquais par appartenance serait-il un désavantage dans le jazz français?
Enfin… Si le Jazz Créole n’est pas du Jazz, qu’est-ce?

Béatrice Civaton