Bondamanjak

OH BAH MA… BANANIA

Il y a deux semaines, je vois l'une de mes anciennes profs quand j'étais au lycée. 30 ans plus tard, je reviens vers elle, cette diplômée de l'école des beaux arts de Nice, pour faire la lumière sur mes zones d'ombres mais surtout sur les zones d'ombres offertes ici dans notre imagerie frelatée.

8 heures plus tard, j'ai le sentiment d'avoir côtoyer une mémoire vivante et intarrissable de cette Martinique qui s'ignore mais qui surtout se ment.

Il ya une semaine, je vois cette nouvelle affiche. Tjip. Et c'est l'éternel recommencement. En publicité, l'important c'est le coeur de cible. Un message qui rate son coeur de cible est voué à l'errance, à une inefficacité sans nom. Si je ne me trompe pas, cette 4X3 s'adresse aux martiniquais. Le message premier : " Notre propre fruit" est important (ils ont jusqu'à 2015 pour montrer patte blanche…d'ici là, bon bref…) comme dirait Maurice Alcindor – "glissons, glissons" – sur la peau de banane….  

Mais là où l'assimilation tourne à plein …régime, c'est que l'expression qu'on a voulu mettre en image n'a aucun sens dans l'imaginaire, dans l'imagerie et l'usage en Martinique. "Avoir la banane" en Europe signifie avoir le sourire.

En Martinique, on peut chercher du sens… au pire ça devrait se situer en dessous de la ceinture pour les hommes sinon… rien. Aussi, on peut se creuser la tête…

Quand j'ai vu cette affiche, j'ai tout de suite pensé aux icônes et autres bandes dessinées  de l'époque post coloniale : Mickey chez les africains, Tintin au Congo, les noirs avec les grosses lèvres, la vigie du bateau pirate dans Astérix le gaulois. Bref. Entre Signifiant et signifié… tout est possible. En sus, cette jeune femme sur ce support est très belle…mais en mettant ses pourtant belle dents juste au dessus du creux de la banane ça fait bizarre et je me retiens pour ne pas dire que ça fait un peu cannibale.

Bref bis. Le plus dur dans l'histoire c'est que cette affiche a été validée. Reste à savoir si ces gens ont été un instant soucieux de l'imagerie martiniquaise… Comme quoi le kumquat.