Bondamanjak

On ne touche pas à Guy Michel Nisas,

Depuis avril 2010, au moins, la Martinique savait qu’elle allait accueillir le tournoi final de la Digicel Caribbean Cup 2010. Une compétition qui avait été attribuée à la Martinique au détriment de Trinidad, notamment.

Combien de touristes supplémentaires ont-ils été attirés en Martinique à la faveur de cette compétition que beaucoup de pays de la région voulaient. Combien de nuitées supplémentaires, combien de repas en plus ont-ils été servis ? A part ceux consommés par les 250, allez, les 300 participants, pour être large ?

Combien ?

Les touristiciens de Martinique se sont-ils organisés pour vendre quelque chose à des visiteurs en couplant les matches et un séjour touristique dans le pays ?

Les entreprises locales se sont-elles senties concernées ? Qu’ont-elles fait, imaginé, réalisé pour vendre un peu plus que deux fioles de lotion french touch, deux bouteilles de vin rouge et trois litres de rhum blanc à ceux qui étaient là ?

Qu’est ce que la compétition a rapporté de positif à l’économie du pays ? La compétition a été retransmise en direct quasiment dans 32 pays. Où étaient les panonceaux publicitaires qui d’habitude habillent les stades ? En quoi le monde économique a-t-il compris qu’il pouvait tirer profit de cette compétition ? des gagne-petits va.

Alors, la compétition s’est déroulée dans la plus totale indifférence du monde économique. C’est un fait.

La remarquable organisation du tournoi

Cependant, tout n’est pas négatif, loin de là, puisque de l’avis des gros bonnets et des pontes de l’UFC, de la CONCACAF et de la FIFA présents, rarement une compétition finale s’était déroulée de façon aussi harmonieuse et avec ce haut niveau technique et footballistique.

Les stades étaient bien remplis sans être comble, comme à plusieurs reprises à Rivière Pilote. Partout l’ambiance était bon enfant, hormis les lazzis grotesques lors de Martinique-Cuba à Dillon.

Ils ont unanimement estimé que l’organisation de cette manifestation de 12 jours et 16 matches  avait été remarquable.

Il faut féliciter et remercier ceux du Comité d’organisation, de la Ligue qui se sont impliqués et ces personnes qui se sont dévouées par passion pour que la fête soit belle. Une réussite.

Quant au prétendu échec sportif.

Oui, la Martinique a une belle équipe, qui joue bien au ballon. Elle est plaisante à voir mais, hélas, elle a manqué de percussions, de puissance finale pour créer le désordre chez l’adversaire. Ce désordre qui met l’autre hors de position et qui permet de marquer des buts. Fatigue, lassitude morale, naïveté, ou bien n’est-ce pas tout simplement que les autres étaient meilleurs que nous ?

S’incliner devant plus fort que soit, est toute la vérité du sport. Alors, un stade rempli à 80% de personnes qui n’ont pas payé leurs places parce qu’elles ont été invitées, un stade où les 20% restant les ont eues à très bas prix par un choix volontariste de la Ligue, a-t-il le droit de siffler son équipe ? De la conspuer ? D’insulter les joueurs, l’entraineur, les responsables ?

Quand il n’a su que mépriser les siens, a-t-il le droit ensuite de supporter aussi chaudement Cuba dans la petite finale, ou mettre autant d’enthousiasme à soutenir la Guadeloupe lors de la finale ? N’est-ce pas complètement incohérent pour ne pas écrire schizo ?  

D’autres qui ne sont jamais allés dans un stade suivre un match aucun jour de leur vie, qui claironnent à tout va, échec, démission, renvoie, déception, honneur du pays …. N’est-ce pas un peu indécent tout ça ? Obscène, même ?

Diable, ne savait on pas que prendre des amateurs aussi doués soient-ils, les former, les entrainer, ne rendrait pas notre équipe plus forte que celles composées à 90% de joueurs professionnels ? C’est à dire des joueurs dont c’est le métier, qui chaque jour courent, jouent au ballon, font de la musculation spécifique, s’entrainent, vont aux soins, ingurgitent des séances tactiques avec ou sans ballon, des décryptages vidéos, sont suivis diététiquement, médicalement, des types qui jouent en Irlande, en France, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis ?

Le choix a été fait de confier à Guy-Michel Nisas un groupe de joueurs amateurs, de gars qui jouent ici, qu’on peut voir chaque week-end sur les terrains de Martinique, auxquels les jeunes de ce pays ont plus de chance de s’identifier qu’à des inconnus de passage ne parlant même pas créole.

La victoire en Coupe des DOM

Il a réussit à les emmener, avec son staff, jusqu’à la victoire finale en Coupe des DOM. Soit, ce n’est pas la Digicel Cup. Ce n’est pas non plus une qualification pour la Gold Cp, mais faut savoir.

Un choix idéologique, moral, a été fait, à un moment par les décideurs du football du pays, de privilégier une composition de l’équipe avec des joueurs locaux, du sérail, renforcés de quelques pros. Il a été maintenu par l’équipe actuelle de la Ligue, et c’est tout à son honneur. Cette équipe, composée comme ça, est à notre réelle image. Nous pouvons nous y reconnaitre parce que c’est nous. Et c’est précieux.

Partout ailleurs, parce que l’argent est roi, parce que le spectacle est maître, les équipes sont composées quasi exclusivement de professionnels. Pas des top-guns, pas des flèches à quelques exceptions près comme le 11 jamaïcain ou le 10 grenadien ou encore le 19 guadeloupéen. Mais de bons pros, costauds, durs au mal, au point physiquement. Ils sont justement physiquement au point car le cœur de leur métier est d’être en forme. Ils sont payés pour. Et ça, nous ne pouvions pas l’avoir parce que nous avions fait un choix autre.

L’UFC ne va pas revenir en arrière et changer les règles du jeu en exigeant un chiffre minoré de professionnels dans les teams. L’argent est omniprésent.

Alors, ici, en Martinique, soit nous choisissons de faire comme les autres pays et d’y laisser carrément notre âme, soit nous persévérons et nous poursuivons avec une équipe rajeunie.

Et nous continuerons à gagner les compétitions à notre portée, comme la Coupe des DOM 2010.

Mais de grâce, léga, pa mandé Guy-Michel Nisas fè lamajik.