Bondamanjak

Papa Yaya : dernier KOKORIKO !

Gérard Lauriette Gérard Lauriette le vénérable, le barbu, le lettré, le thaumaturge, l'humain, nous a laissé. Son mot de Cambronne était : KOK! Cela voulait dire tout à la fois : Va te FF …, Qu'importe!… Bof!… En garde!… Qu'on se le dise!… J'ai dit!… La vie triomphe!… C'est sublime!… Ce proverbial mot-verbe résume sa malicieuse conclusion existentielle. Il le livrait sur le ton qui convenait à la situation, avec cet art du dire qui sentait le fré, qui le délivrait en nous abreuvant de toute sa libido créole, de l'étendue d'une force mentale dont le spectre s'étendait du kal-bondage poétique à l'intellect raffiné. Les hypocrites formatés qui saluent formellement sa mémoire aujourd'hui n'ont pas manqué qui de l'incomprendre, qui de le traiter en vagabond, qui de niaiser quand il politisait hors-normes. Mais éclairant l'ignorant et dénonçant le conforme, Lauriette sut porter sa croix et son flambeau, boire le calice de l'incompréhension et persister dans l'outrage percutant. Gérard Lauriette était Monsieur Liberté, le généreux penseur fécond jusqu'à la réflexomanie, comme nous en manquons quand il faudrait face aux monstres qui nous avalent. Tendre créoliste, curieux jusqu'au bout, son idée bien à lui, le patriarche bonimenteur était pétri d'affection pour le pays Guadeloupe et ses enfants. Avec sa foi en l'homme créatif et réactif il brava toujours la bêtise fonctionnaire de la raie publique et de l'arc-à-démi. L'amour figue-raisin, certes, il en déglutit le nannan, comme tout pionnier. Mais qu'importe ! KOK ! Rien n'est jamais acquis… Mais rien ne se perd. Ses gênes ne se sont pas gêné et au moins un de ses petits-fils a pris à bras le corps son pensement avant-gardiste. On saura ce que lui a légué Pa Yaya, Maître KOK ! Jean S. Sahaï.