L'industrie des produits phytosanitaires (les pesticides) reprend la parole ces temps-ci sur le net.
Attaqués de toute part (via des associations, gouvernements, et même des agriculteurs) ce secteur économique sent venir l'interdiction générale et l'opprobe sociale. L'exemple du secteur des cigarettes sans doute.
Aux Antilles les produits phytosanitaires sont au centre d'un potentiel scandale de santé publique. Utilisés sans contraintes ils sont responsables d'un appauvrissement incroyable des sols, de la disparition de toute vie dans les rivières, de la contamination de la Baie de Fort-de-France, de l'interdiction de manger des crabes de terre à Paques etc…
Pour rassurer le consommateur français l'UIPP (Union des Industries de la protection des Plantes… hum) qui est le faux-nez politiquement correct des industriels du secteur, a bâti un site internet et une campagne de pub, façon "top-branché-humour-décalé".
Sur le thème : "Et vous que connaissez-vous des pesticides ?" on y voit un jeune homme mal rasé et pas coiffé ( summum de la branchitude) qui tient à la main une jatte en plastique et dans l'autre un fouet mécanique. Il est visiblement de retour de sa "rave party" et va se faire un quatre-quart comme maman. Situation crédible, vécue tous les matins par les millions de travailleurs de la France d'en bas.
Comme tout le monde vous allez répondre "moi je ne sais rien des pesticides" !
Ah ah ! Vous aussi, vous avez sêchés les cours de science-nat pour réviser le pelotage de copine derrière la cantine. Honte à toi, pauvre mécrant qui ne connais rien à la chimie pesticide !
Mais rassure-toi pénitent. L'UIPP va te répondre sur internet, et ta lacune abyssale tu combleras.
Viens donc sur http://www.protectiondesrecoltes.fr/.
Le site qui surfe sur la vague
Sur ce site web vous saurez tout sur la langue de bois (traité).
La technique utilisée est celle de la fausse provocation, sorte de dernière cartouche publicitaire à n'avaler que dans les derniers moments.
Question posée par le site : "Sont-ils dangereux pour ma santé ?".
Réponse : "Les industries des produits phytosanitaires s’engagent à agir pour rendre ces produits les plus sûrs possible, mais aussi à informer leurs utilisateurs, ainsi que les consommateurs." Fin de citation.
Ils se sont dégonflés bien entendu. Impossible de répondre un simple "non", car cela est faux. Alors ils brodent autour des magnifiques précautions scientifiques, des papiers des "pouvoirs publics" etc… Ceci est une véritable erreur de communication, car leur spécialistes auraient dû leur dire que la tendance lourde est au déni de confiance face à ces autorités. Aujourd'hui le consommateur veut du vrai, du pur, du direct !
Tu oses poser une question simple ? Et tu n'oses pas répondre (toi grand spécialiste de la chimie) de façon simple ?
Ces communicants auraient dû se méfier, car depuis le scandale étouffé du sang contaminé une fêlure profonde divise le "bas peuple" et les "hautes autorités". Ces dernières payent encore pour le concept débile du "responsable mais pas coupable", le glas de la respectabilité des hommes politiques. Or se prévaloir de leur contrôle revient à dire "pas vu, pas pris", comme dans toutes les affaires de santé publique en France.
Le site aborde ainsi tous les sujets qui fâchent, et donne toujours le même type de réponses ambigues, comme toute communication sur ce sujet.
Cette action de communication de l'industrie agro-alimentaire dénote une prise de conscience de plus en plus grande des risques inconsidérés encourus pour faire de l'agriculture française la deuxième mondiale. Les industriels ont senti tourner le vent qui porte l'opinion et tentent de contrer l'érosion de leur crédibilité. Scientifiquement ils sont sur la sellette, politiquement ils ont déjà perdu, il leur reste une seule solution : semer le doute. Pour récolter la tempête.
PS. La campagne de pub existe aussi en fille :
